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dimanche 1 avril 2018

Loi de transition énergétique : quelques conclusions

1) Le grand débat sur la transition énergétique et la programmation pluriannuelle n’a aucun sens s’il n’est pas précédé d’une information préalable solide et scientifique. Or, rien n’a at été prévu pour cela. Comment les Français pourraient-il se prononcer  sans d’abord un débat solide, organisé, honnête donnant le temps nécessaire à la confrontation et lorsqu’elle est possible à la conciliation, entre experts, expliquant leurs données, d’où elles viennent et ce qu’ils en concluent.

Et sans par exemple que soit expliquées (et les conclusions tirées) l’échec de l‘injection massive d’énergies renouvelables non pilotables (Australie du Sud) ou de privatisation de l’électricité ( Californie) ?

2) Comment mener ce débat sans se mettre d’accord sur un scénario crédible d’évolution de la consommation ? En particulier, les scénarii basse énergie, par exemple de l’ADME manquent de crédibilité. Il n’y aura de baisse globale de la consommation d’énergie, ni bien sûr dans les pays en développement, ni même dans les pays développés  (voir l’exemple de l’Islande où la consommation d’électricité utilisée pour le calcul des bitcoins dépasse la consommation à usage domestique !)

3) Une part important de nucléaire (au moins 70%) est seule de nature à permettre le respect des engagements climatiques, et c’est d’autant plus vrai si se développe l’utilisation des véhicules électriques, utiles pour diminuer la pollution dans les grandes agglomérations.

Une preuve par l’absurde (Oh combien !) en est la situation allemande, où Angela Merkel affirme avec raison que les véhicules Diesel sont moins polluants que les véhicules électriques (en effet, si l’on produit l’électricité à partir de charbon !)

4) Tant qu’une innovation de rupture ne permettra pas le stockage massif des électricités intermittentes (et ce n’est pas en perfectionnant les piles actuelles que l’on y parviendra), un pourcentage supérieur à 70% d’électricité nucléaire sera indispensable pour maintenir la sécurité d’approvisionnement.

Par conséquent, il est nécessaire de maintenir les installations nucléaires existantes et sûres et d’investir dans un nouveau nucléaire (EPR), qui d’ailleurs se positionne bien à l’export. Rappelons que les organisations syndicales et le  CCE d’EDF , se basant sur l’avis de l’autorité de sûreté nucléaire, ont donné un avis négatif unanime concernant la fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim, décision qui met en péril le fragile équilibre du réseau.
La loi de transition énergétique doit être modifiée de façon à prévoir le maintien de la production nucléaire à plus de 70% tant que le problème du stockage massif de l’énergie ne sera pas résolu, faute de quoi, elle perd tout rapport avec la réalité.

5) L’hydraulique constitue, après le nucléaire, le deuxième pilier du mix français et a produit en 2016 10 % de la production d’électricité, soit 53,6 TWh. Elle est pilotable, flexible, renouvelable. 

Une concession hydraulique, c’est aussi la gestion intégrée de la ressource en eau confiée à EDF avec ses diverses missions indispensables à la vie et à l’économie des territoires : irrigation pour l'agriculture, alimentation en eau potable, besoins de l'industrie, tourisme… C’est encore la prévention des risques en gérant les crues et évitant que les cours d’eau ne viennent à sec, au bénéfice de tous les usages (en particulier les centrales nucléaires refroidies par les fleuves).
Par conséquent, il faut s’opposer à tout processus de privatisation des concessions hydrauliques d’EDF, comme à tout bradage à la concurrence.

6) La mission de service public de l’électricité (EDF) doit être confortée : fournir de l’électricité à tout le pays au même prix, toute l’année, en toutes conditions. En particulier, la sécurité d’approvisionnement impose qu‘en cas de problème tout soit mis en œuvre, quel qu’en soit le coût pour rétablir le courant- quel exploitant privé l’assurera ?
La péréquation tarifaire et la sécurité d’approvisionnement du réseau sont incompatibles avec l’intégration de productions locales à grande échelle.
 La lutte contre  la précarité énergétique est incompatible avec la fin des tarifs sociaux et l’imposition de tarifs dynamiques, comme le veut la Commission européenne.
Enfin, il convient de s’assurer que les biens communs (matériels et immatériels) résultant des immenses efforts historiques d’équipement soient entretenus, valorisés, développés et profitent à tous.
Tout ceci est incompatible avec les politiques de privatisation de production de l’électricité imposés par la Commission Européenne sur laquelle il faudra revenir.

7) Le secteur de l’électricité étant en France déjà largement décarboné (6% des émissions totales du pays) grâce à son mix énergétique et en particulier au nucléaire, la priorité est à donner à la décarbonation des secteurs des transports et du bâtiment. Ce qui nous ramène à un autre grand service public, celui du frêt ferroviaire, que le privé sera bien incapable de mettre en œuvre, tout simplement parce qu’il ne prend pas en charge l‘ensemble des externalités négatives (ou positives) 

Tous ceux qui le souhaitent peuvent (tenter) de participer au grand débat sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (https://www.debatpublic.fr/revision-programmation-pluriannuelle-lenergie)

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