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jeudi 27 décembre 2018

Jours de colère n°5 ou pourquoi j’ai porté un gilet jaune- les élites m‘emmerdent


L’inénarrable Cahuc et la hausse du SMIC

Tribune libre de Cahuc (co-auteur avec André Zylberberg du très contestable et méprisant Négationnisme économique) à propos du débat entre hausse du Smic et hausse de la prime d’activité suite aux revendications des Gilets Jaunes : Extraits

« La question du salaire minimum est totémique en France. L’intuition première est qu’augmenter le smic est le meilleur moyen d’accroître le pouvoir d’achat des travailleurs pauvres. Une littérature économique maintenant abondante a montré que cette intuition n’est pas toujours vraie. Depuis sa création, en 2008, le Groupe des experts sur le smic s’appuie sur ce constat pour recommander d’utiliser des dispositifs comme la prime d’activité afin d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs pauvres, plutôt que des coups de pouce au smic. Ces analyses, épaulées par les contributions des services de l’Etat (Insee, ministère du travail, Direction du Trésor), dont la compétence et le professionnalisme sont reconnus par tous, sont présentées chaque année dans un rapport accessible à tous.

Dans ce contexte, on ne peut que regretter que soient encore énoncées des contre-vérités pour fustiger les analyses des experts sur le smic, accusés d’appartenir à une même école de pensée et de délibérer dans un suspect entre-soi.

Et Cahuc, dans la suite logique de son Négationnisme économique de terminer par un couplet navré sur l’inculture économique des Français  !

Ah oui ! Sauf que les Gilets Jaunes, en matière de SMIC, ils s’y connaissent visiblement plus que Cahuc. Et qu’ils ont bien compris qu’une augmentation de la prime d’activité, contrairement à une hausse du SMIC est réversible à volonté (du gouvernement ou du patronat) et qu’elle n'ouvre pas davantage de droits à la retraite,  par exemple. Sauf qu’une hausse de la prime d’activité pour les smicards, c’est tintin pour  les autres salariés, ce qui ne serait pas le cas avec une hausse du Smic, car dans les plupart des conventions collectives -vous connaissez ce mot, Cahuc ? la hausse du Smic a pour conséquence la hausse de tous les salaires. Sauf encore que 1,2 million de personnes qui sont au Smic en France mais qui ont un conjoint qui gagne davantage ne sont pas concernés…

Sauf qu’en Espagne, Pedro Sanchez a annoncé une hausse de 22 % du salaire plancher.. Les Espagnols non plus ne comprennent rien à l’économie !

Dans la même veine, et de la même secte libérale, Jean Tirole défend mordicus la taxe carbone : « la taxe carbone est "une bonne taxe", qui, appliquée au niveau international, est susceptible de faire "changer nos comportements, orienter les choix vers des circuits courts, renoncer au charbon, isoler nos maisons, acheter des voitures moins polluantes", et, conclut-il, "de léguer à nos enfants une planète viable". L'hostilité des Français à cette taxe, estime M. Tirole dans le Journal du Dimanche, provient du fait, que bien qu'instituée en 2014, "les Français ne l'ont découverte qu'en 2018, perdant ainsi quatre années dans l'adaptation de leurs décisions au nouveau contexte".

Ben oui, mais exit la taxe carbone, parce que stupide et inapplicable. Socialement ! ( Connaissez ce mot là, Tirole ? Il existe quelque chose comme la société ! ) Parce que, les Gilets Jaunes, l’ont bien compris, la taxe carbone frappera injustement ceux qui n’ont pas la possibilité de « changer de comportement », qui n’ont pas la chance d’habiter les grandes villes et de prendre des transports en commun qui n’existent pas, qui ne peuvent changer de voiture et doivent garder leur vieux Diesel que l’Etat les a fortement inciter à acheter, parce que le Diesel, ça réduisait la note pétrolière de la France, et ceux qui la ressentent le plus fortement, car ils  sont, comme par hasard, aussi les moins aisés…

Et Tirole, comme compère Cahuc, de plaider pour une hausse de la prime d’activité. Une hausse qui ne coutera rien aux entreprises, comme l’annonce benoitement Macron. Ben oui, c’est la classe moyenne qui la financera, celle qui paie encore des impôts, pas assez pauvre pour ne pas en payer et toucher des aides, pas assez riche pour pouvoir s’en exonérer ou s’en aller.

Tiens, si au contraire, on revenait un peu sur le calendrier dément et le double cadeau aux entreprises du CIPE pour 2019 ? Parce que, Remember cette loi sociologique : à toute époque, en tous lieux, l’écrasement des classes moyennes produit des monstres politiques !

Alors oui, ces « élites » commencent à sérieusement me chauffer. Dans la Chine qui n’était pas encore capitaliste léniniste, tiens, on les aurait un peu envoyé au champs ou dans les ateliers, pour une petite paire d’année. On pourrait aussi se contenter de les condamner à apprendre par cœur les textes d’Auguste Comte sur le statut très contestable scientifiquement de l’économie politique.

Le tribunal de Troyes contre le plafonnement des indemnités de licenciement

Dans un jugement daté du 13 décembre 2018, le conseil de prud'hommes de la ville a pris la décision de passer outre le montant limite fixé par les ordonnances pour les dommages et intérêts que peuvent réclamer des salariés qui entameraient une procédure aux prud'hommes pour licenciement abusif.

Dans son jugement, le conseil de prud'hommes de Troyes estime que ce plafonnement est contraire non seulement à la charte sociale européenne, mais aussi à la convention de l'Organisation internationale du travail (OIT). Ce plafonnement est pourtant l'un des points principaux des ordonnances mises en place par Muriel Pénicaud et le gouvernement en 2017. Il doit pouvoir permettre aux employeurs de davantage prévoir le coût des licenciements. Mais la mesure fait aussi partie des plus controversées : ses détracteurs sont d'avis qu'elle retire au juge sa liberté souveraine d'interprétation, indique le Figaro.

Selon les ordonnances de la réforme du Code du travail, dans le cas d'un licenciement sans réelle cause, les dommages et intérêts perçus par les salariés ne peuvent être supérieurs à 20 mois de salaire brut. Peu importe ce que pense le juge, lui ne peut plus fixer le montant de ces indemnités. Celles-ci peuvent dépasser le plafond prévu par les ordonnances dans des cas très précis : discrimination, harcèlement, violation des libertés fondamentales.

Le conseil des prud'hommes de Troyes conteste ces limites : « Ce plafonnement ne permet pas aux juges d'apprécier les situations individuelles des salariés injustement licenciés dans leur globalité et de réparer de manière juste le préjudice qu'ils ont subi ». Et de noter que, selon eux, "ces barèmes ne permettent pas d'être dissuasifs pour les employeurs qui souhaiteraient licencier sans cause réelle et sérieuse un salarié. Leur conclusion est sans appel : Ces barèmes sécurisent davantage les fautifs que les victimes et sont donc inéquitables. Dans l'affaire en question, le conseil des prud'hommes a au final adjugé le double des indemnités prévues initialement par les ordonnances.

En réponse dans une tribune publiée par Le Monde, le ministère du Travail affirmait que par ces jugements, ce n’est pas la légalité de la grille qui est interrogée mais plutôt « la formation juridique des conseillers prud’hommaux ».

Ben voyons ; les petits juges de proximité ne comprennent rien aux subtilité juridiques, il faut les rééduquer ! Vivent nos élites et leur morgue ! 

Aux champs, à l’atelier, à l’usine, les élites !

Pas décodé à se laisser ainsi taper sur ses doigts de mauvais élève, le tribunal de prudhommes de Troyes a rétorqué : « Mettre en cause notre autorité, notre compétence, et le principe de la séparation des pouvoirs, qui constitue pourtant l’un des fondements de notre démocratie, est scandaleux et porte atteinte à l’autorité de la justice et à son indépendance. ». Suite au prochain épisode - le Conseil d’Etat, qui, on n’en doute guère, est d’ordinaire très élitiste, mais peut réserver des surprises comme dans le cas des tarifs réglementés d’EDF, où il a résisté aux injonctions européennes !

L’inénarrable Le Gendre.

Déclaration de Gilles Le Gendre, chef de l’obèse groupe En Marche à l’Assemblée Nationale, sur  Public Senat. «  Je pense que nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Nous nous donnons beaucoup de mal mais il faut le faire mieux, plus, en étant plus proche de ce que les Français attendent 
Deuxième erreur, dont nous portons tous la responsabilité – moi y compris, je ne me pose pas en censeur : c'est le fait d'avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d'achat. »

Là , ça décourage même toute réponse. Aux champs, à l’atelier, à l’usine, les élites !

Les Français, et surtout les classes moyennes,  ne comprennent pas les mesures du gouvernement (le gouvernement les comprend-il lui-même, pas sûr vu la cacophonie et la panique avant et après les annonces de Macron ?) Mais ils comprennent très bien comment ils sont b.

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mercredi 26 décembre 2018

Raison de détester l’Eurokom -20 : L’Eurokom et la sécurité sanitaire : l’Europe qui ne protège pas !


Europe et Eurokom :Dans un de mes précédents blogs, je m’enflammais sur les propos de Macron à Epinal sur « l’Europe qui nous a donné la Paix ». Face aux politiciens truqueurs qui sciemment mélangent l’Europe, réalité géographique, historique, culturelle et la Communauté européenne et ses institutions (notamment la Commission européenne), vouées uniquement à construire un grand marché selon le dogme d’une véritable secte libérale, je propose donc de différencier l’Europe réelle des peuples et des nations et l’Eurokom, les institutions de la Communauté Européenne.

Sécurité alimentaire : de scandales en scandales

La fraude à la viande de cheval de 2013 est une fraude commise à l'échelle européenne, faisant passer de la viande de cheval pour de la viande de bœuf en modifiant l'étiquetage sur des lots de minerai de viande. Portant sur environ 4,5 millions de plats préparés, elle touche, à des degrés divers, des dizaines de millions de consommateurs. Connue depuis 2007, cette affaire éclate dans les îles Britanniques à la mi-janvier 2013 et connaît plusieurs rebondissements. Révélée en France sur des lasagnes de la marque Findus contenant 100 % de viande de cheval, elle implique toute la chaîne du commerce alimentaire européen dont des abattoirs, des intermédiaires (Draap Trading), des négociants (Spanghero) et des transformateurs (Comigel). De très nombreuses marques d'agroalimentaire sont concernées. Le motif est essentiellement économique, la viande de cheval étant moins chère à l'achat pour les fournisseurs et fabricants que la viande bovine. Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tricheries généralisées en matière d'abattage des chevaux qui persiste encore (Merci Wikipedia, pour le rappel)

Le scandale des œufs contaminés au fipronil est un scandale sanitaire ayant débuté en Europe en 2017 avant de se propager en Asie. Début juin 2017, la Belgique est alertée par un exploitant qui détecte du fipronil, un acaricide puissant, dans ses œufs. Ces traitements sont interdits pour les animaux destinés à la consommation humaine. Ils ont été utilisés par des entreprises de désinfection dans des exploitations agricoles aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne, massivement et en toute inégalité. Plus de six mille litres de produit interdit ont été saisis chez Poultry-Vision. Des millions d'œufs de poule ont été retirés du commerce, dont des œufs estampillés « bio » provenant des Pays-Bas. La Commission européenne ajoute ensuite à la liste des pays touchés la France, l’Allemagne, la Pologne, l'Irlande, l'Italie, la Slovénie, l'Autriche, la Corée, Taîwan, Hong-Kong…. En dehors de l'Europe, Hong-Kong est également touché. En ce qui concerne la France , le ministre de l’agriculture Stéphane Travert commence par affirmer que la France n’est pas concernée, puis révèle que 250 000 œufs contaminés ont été vendus. Il met alors en cause la coopération entre les pays européens, qui n'aurait selon lui pas permis aux autorités françaises de réagir  dès les premiers instants…
Allez, un troisième, en 2018,  le scandale Lactalis du lait infantile contaminé par des salmonelles, bactérie dont le groupe savait qu‘elle contaminait un de ses sites de production depuis 2006… informations masquées par des analyses pour le moins complaisantes. 83 pays concernés par le rappel des produits.

Et pourtant, depuis 2002, l’Europe dispose d’une directive sur la sécurité alimentaire,  « d'une nouvelle approche intégrée et transparente, permettant de couvrir toute la chaîne alimentaire de la ferme à l'assiette ». Merveilleux bullshit européen !*

Foodwatch France analyse ainsi le problème : « Le premier souci est qu'il y a un sentiment d’impunité… Dans le cas du scandale de la viande de cheval, cherchez les sanctions, il n'y en a pas ! Ensuite, si Foodwatch souhaite rappeler l’importance du rôle de l’Etat : "L'entreprise doit faire ses autocontrôles, elle a un devoir de signalement et de remontée d'information", explique-t-elle "mais l'analyse des risques in fine doit rester à la charge de l'Etat, parce que ce n'est pas aux entreprises qui sont en conflit d'intérêt et en zone grise de déterminer quelle décision il faut prendre". Face à ce constat, Foodwatch déplore une diminution trop importante des effectifs dans les services de contrôle, ainsi qu’un système trop complexe" et ne permettant d’assurer ni transparence ni efficacité. En quelques années, la DGCCRF en charge des contrôles a perdu plusieurs centaines de fonctionnaires. Si l'agence comptait environ 3000 agents en 2015, c'est 716 de moins qu'en 2005 !

Autre sujet d’inquiétude non résolu : la forte  propension des institutions européennes à pousser pour des accords de libre échange les plus débridés possibles. Alors, vivent le boeuf aux hormones, le poulet chloré ou le porc à la ractopamine ! Pas sûr à tous coups, mais il faudra que les consommateurs se battent et restent vigilants ; il faut quand même se souvenir que l’interdiction européenne du bœuf aux hormones US avaient donné lieu à des rétorsions américaines ( sur le roquefort, par exemple…) et avait été condamnée par l’Organisation Mondiale du Commerce avant de parvenir finalement à un accord boiteux avec les USA ( bœuf aux hormones interdit, mais pas les carcasses lavées à l’acide lactique…). FoodWatch : « Avec ces accords de commerce on risque de ne plus pouvoir décider sur des sujets tels que les résidus de pesticides, les OGM, ou dire ce que l'on souhaite interdire ou autoriser etc En somme, alors que la législation européenne sur la sûreté des aliments est l’une des plus strictes au monde, (NB en théorie, voir plus haut !), l’UE risque en concluant des accords de libre-échange de ne plus pouvoir décider de résidus de pesticides ou des OGM qu'elle souhaite interdire ou autoriser ».

Sécurité sanitaire : l’aberration des implant files ! Prothèses PIP et filets à mandarines

Merci au consortium des journalistes qui fait un boulot remarquable et utile. Donc malheureusement passé inaperçu au milieu de l’insurrection gilets jaunes, il suffit d’acheter un filet à mandarine, de le découper, de la joindre à un dossier fictif bourré d’absurdités  pour demander une homologation européenne pour une mèche vaginale contre les descentes d’organes. Trois organismes de certification ont assuré à la journaliste néerlandaise qui s’est livré à ce jeu quelle obtiendrait sans problème une homologation européenne !

Contrairement aux médicaments, qui doivent passer par des essais cliniques très réglementés et onéreux et obtenir une autorisation de mise sur le marché des agences du médicament, les dispositifs médicaux échappent à toute évaluation sérieuse et ne doivent obtenir qu’une certification ( marquage CE) d’un organisme de contrôle privé !  Et cela se voit ! En 10 ans, 5.4 millions d’incidents aux USA, dont 82.000 morts et 1.7 millions de blessés et de vies massacrées. En Europe, en France : eh bien on ne sait pas ! On ne sait pas le nombre de blessés, on ne sait pas même le nombre de morts ! On ne sait même pas combien de dispositifs médicaux sont sur le marché européen ( le nombre est inapprochable !!!! dit gentiment l’ANSM française). A la louche, entre 500.000 et deux millions, qui ont tous leur marquage CE. Et de plus contrairement aux USA, il n’y a aucun moyen de savoir combien et quels patients ont reçu tel dispositif – seul peut-être le chirurgien ayant réalisé l’opération le sait  ! Un scandale absolu, incroyable, inimaginable même ! Impossible de prévenir les patients, comme dans le cas des prothèses PIP !

Quelques exemples emblématiques. Les prothèses de sein PIP, ou un margoulin, véritable escroc, a vendu pendant des années des prothèses de sein défectueuses, qui se rompaient facilement, relâchant dans l’organisme un gel de silicone…de sa fabrication, absolument non homologué, mais dix fois moins cher que le gel homologué qu’il était censé utiliser. Les enquêtes menées par l'Afssaps ont établi que non seulement l'enveloppe des implants était d'une qualité médiocre, mais aussi que le gel qu'ils contenaient avait une composition des plus exotiques, avec des ingrédients variés suivant les lots, ce qui empêche les victimes de savoir avec précision la nature des produits qui se répandent dans leur organisme. Les enquêteurs ont notamment retrouvé de l'huile de silicone industrielle Baysilone (additif pour carburant), du Silopren et du Rhodorsil (agents d'enrobage de câbles électriques), produits destinés à un usage industriel et dont les effets n'ont jamais été testés sur la santé d'un être vivant — et de ce fait interdits dans tout dispositif médical ! Et tout ceci sans que l’agence de certification (l’allemand TUV) ne manifeste le moindre soupçon, ne serait-ce que quant à l’absence totale de corrélation entre les commandes de gel silicone officiellement approuvé et le nombre de prothèses produites.

L'entreprise occupait à son apogée le troisième rang mondial du secteur des implants mammaires avec 100 000 unités produites par an. Elle exportait près de 80 % de sa production hors de France, notamment en Amérique du Sud et en Europe de l'Est. Environ 300 000 femmes dans le monde seraient porteuses de prothèses mammaires PIP.

Autres exemples : les implants contraceptifs  (Essure, par exemple), dont la composition en nickel, ignorée de la plupart des praticiens, a provoqué de nombreuses allergies et intolérance, au point d’imposer parfois l’ablation de l’utérus ; ces sondes de stimulateurs cardiaques qui se rompent si vite ; ces stent intracrâniens (Wingspan) contre les anévrismes implantés sur des milliers de patients sans étude sérieuse avant qu’une comparaison avec les médicaments antiplaquettaires montre deux fois plus d’AVC , y compris d’AVC mortels et impose l’arrêt des stent. Ou ces deux chirurgiens italiens placés sous écoutes «  J’ai mis cette prothèse là aujourd’hui, mais ils font vraiment de la merde…Et la machine qui coupe le fémur, c’est un désastre ». (Cf la remarquable enquête du consortium publiée par exemple dans Le Monde des 28-29 novembre 2028)….Ce sont autant de drames, de souffrances infinies et horribles, de mutilations, et parfois de décès…

D’où ces constatations d’Eric Vicaut responsable du Centre d’Evaluation des dispositifs médicaux de l’APHP. « Un stent intracrânien ne doit pas être mis sur le marché comme un réfrigérateur ». Ainsi qu’il le signale, la FDA s’est inquiété de la légèreté, pour ne pas dire plus, des procédures européennes concernant les implants : « le marquage CE est souvent la première étape du business model des industriels. Une fois celui-ci obtenu, ils vendent leurs dispositifs médicaux en Europe et avec l’argent, lancent les études nécessaires pour obtenir le visa de la FDA américaine »…. Les Européens sont ainsi les cobayes des Américains !

Cette remarque, encore, tirée de son article du Monde (27 novembre 2018) : « A trop renforcer la législation, on freine l’innovation avancent les entreprises ? Ce discours, je l’entends tout le temps, et malheureusement, il a été parfaitement intégré par les autorités. Or, c’est précisément cet argument qui a permis que la réglementation ne soit pas au niveau. Les patients n’ont pas besoin de neuf, ils ont besoin de mieux. Pour cela, il faut des études comparatives avant la mise sur le marché. . Il n’y a aucune raison de commercialiser quelque chose sans avoir démontré qu’il apporte un progrès ! »
En effet. Et de manière plus générale, il est très inquiétant de voir de plus en plus se substituer le vocable innovation à celui du progrès. Il y a vraiment danger à confondre changement et progrès, et il est urgent de redonner tout son sens (et son prestige) à la notion de progrès ( et relire les positivistes !)

Une autre remarque : les sectaires de l’ultra libéralisme ont inventé la recette universelle de la catastrophe : 1) privatiser un secteur ; 2) privatiser le contrôle de ce secteur ; 3) placer en concurrence les entreprises chargées du contrôle et les faire payer par les entreprise contrôlées. En comptabilité, cela donne Enron et Arthur Andersen ; dans le domaine naval, cela donne l’Erika et la société de classification Rina ; et dans le domaine de la santé, les prothèse PIP et le certificateur TUV.

Les pénuries de médicaments : une évolution inquiétante !

Avec 530 signalements, soit dix fois plus qu’il y a dix ans, l’année 2017 a vu un nombre record de ruptures de stock et d’approvisionnement déclarés auprès de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), et ceci pour des médicaments essentiels, tels dans anticancéreux ou des parkinsoniens. Ceci s’est traduit rès concrètement par la mise en danger, la souffrance, voire la mort prématurée de certains patients.
Ces difficultés d’approvisionnement ne sont pas limitées au territoire français : une situation comparable est observée à l’échelle européenne. Une enquête menée en 2016 dans 21 États européens par le groupement pharmaceutique de l’Union européenne a montré que les pharmacies d’officine de l’ensemble des 21 pays couverts par l’enquête avaient été concernées par des phénomènes de pénurie durant les 12 mois précédents.
Et pourtant, la France est l’un des trois seuls États membres de l’Union européenne à avoir introduit une définition des ruptures d’approvisionnement de médicaments dans leur législation nationale avec la Roumanie et la Slovénie !
Ces pénuries de médicaments, qui font de plus en plus ressembler l’UE à un pays du tiers mondes a trois causes principales :

1) une pression trop forte sur les prix en même temps que s’accroissent ( et c’est heureux), les exigences réglementaires. Des anciennes molécules, non réévaluées ne sont plus rentables et disparaissent. 

2)  la délocalisation et la concentration des fabrications de principes actifs. L’Inde (4 442 sites de fabrication) et la Chine (2 794 sites de fabrication) concentrent à elles seules 61 % des sites de production de substances pharmaceutiques actives des médicaments commercialisés dans l’Union Européenne.
Ainsi sommes-nous pour une partie non négligeable de nos médicaments essentiels dépendant de l’étranger, et d’une chaîne de production que nous contrôlons fort mal, peu réactive et peu résiliente, très concentrée et qui ne permet plus de répondre à l’ensemble des besoins de santé.  Ainsi un rapport sénatorial récent ( fin 2018) invite-t-il à prendre des mesures efficaces favorisant la relocalisation en Europe et en France de la fabrication de principes actifs pharmaceutiques, et même éventuellement un système public de productions pour certains médicaments essentiels à la sécurité sanitaire.

3) Les exportations parallèles entre pays européen et la dégradation du service public rendu par les répartiteurs pharmaceutiques. Les répartiteurs, bien que privés,  ont des obligations de service public (OSP)  et sont tenus de disposer d’un assortiment de médicaments comportant au moins les neuf dixièmes (environ 25000) des présentations de spécialités pharmaceutiques effectivement commercialisées en France, afin de satisfaire la consommation de leur clientèle habituelle pour une durée d’au moins deux semaines et d’honorer les commandes passées par les pharmacies dans un délai de 24 heures (en dehors des week-ends et jours fériés)- et ceci dans les quelques 22000 pharmacies française. Or la politique de libéralisation européenne a encouragé l’apparition de « short liners »  qui s’exonèrent des obligations de service public. Ils ne proposent qu’une courte gamme de médicaments, la plus rentable, à un nombre réduit d’officines auxquelles ils vendent de grandes quantités quand ils ne travaillent pas uniquement à l’export. Ils  ne détiennent pas physiquement en stock et sciemment la collection requise et acquièrent des stocks pour un assortiment très limité de spécialités, sous couvert de leur autorisation d’ouverture ? C’est un facteur supplémentaire critique de fragilisation de l’approvisionnement en médicament, qui, jusque-là fonctionnait plutôt bien ( les répartiteurs évitent jusqu’à présent que les deux tiers des pénuries de médicament se manifestent à l’officine )

Sécurité alimentaire, sécurité sanitaire des implants et des médicament ; non seulement l’Eurokom ne protège pas, mais en démantelant au nom de l’idéologie ultra libérale les protections étatiques existantes et favorisant  la libre circulation de toute chose au détriment de toute autre considération !

Il faut sortir de cet Eurokom là .

dimanche 23 décembre 2018

Un danger sanitaire négligé - Rapport sénatorial sur les ruptures d'approvisionnement de médicaments


Une dégradation inquiétante

Depuis plusieurs années, des « pénuries » de médicaments et de vaccins sont régulièrement constatées dans les hôpitaux comme dans les pharmacies officinales. Le phénomène n’est certes pas nouveau ; il connaît cependant une inquiétante amplification, que ne semblent pas pouvoir endiguer les mesures prises par les pouvoirs publics au cours de la période récente. Avec 530 signalements, soit dix fois plus qu’il y a dix ans, l’année 2017 a en effet vu un nombre record de ruptures et risques de rupture de stock et d’approvisionnement déclarés auprès de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour des médicaments essentiels. Les dernières années ont par ailleurs vu la multiplication de cas de ruptures très médiatiques, portant sur des médicaments d’utilisation courante. C’est par exemple le cas des pénuries d’amoxicilline de 2014 et de 2018, du vaccin contre l’hépatite B en 2017, des spécialités de BCG-thérapie utilisées dans le traitement du cancer de la vessie, ou encore de l’antiépileptique Di-Hydan®, frappé depuis 2012 par des pénuries multiples. Fin 2018, une indisponibilité de l’anti-parkinsonien Sinemet®, qui pourrait se prolonger jusqu’à la fin du premier semestre 2019, a été  annoncée. 
Autres exemples rapportés par l’INCA : la crisantaspase (Erwinase® pour les leucémies aiguës lymphoblastiques dont la rupture est critique pour les patients allergiques à l’asparaginase ; à Nantes, en 2017, la pénurie de melphalan, utilisé dans  certains cancers, ont nécessité la mise en place d’un nouveau protocole de soins moins efficace ; une pénurie de méchloréthamine (Caryolysine® pour la maladie de Hodgkin - la seule alternative possible, le cyclophosphamide et moins efficace et moins bien toléré ; l ’arrêt de la production d’Extencilline® par le laboratoire Sanofi, ne permet pas une prise en charge équivalente de la syphillis, pourtant en réaugmentation…etc.

À Gustave-Roussy, ce sont ainsi 69 lignes de médicaments qui sont quotidiennement en rupture ou en tension. L’agence générale des équipements et produits de santé (Ageps) de l’assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) relève quant à elle chaque jour 80 à 90 médicaments en situation de pénurie, tandis que le nombre de lignes de spécialités suivies en tension d’approvisionnement a été multiplié par 10 depuis 2007. Du point de vue tout d’abord de la classe thérapeutique, les anticancéreux, les anti-infectieux (qu’il s’agisse des antibiotiques ou des vaccins), les anesthésiants, les médicaments du système nerveux central (destinés notamment au traitement de l’épilepsie ou de la maladie de Parkinson) ainsi que les médicaments dérivés du sang sont les plus souvent touchés par une rupture de stock ou d’approvisionnement. Selon le syndicat professionnel des entreprises du médicament, le Leem, la durée moyenne des ruptures constatées en 2017 est d’environ 14 semaines, avec une médiane à 7,5 semaines.

Commentaire : des ruptures d’approvisionnement plus fréquentes, touchant des maintenant des médicaments essentiel. Aux temps maintenant un peu lointains où j’ai commencé ma carrière dans l’industrie pharmaceutique, il  y avait dans des firmes pourtant privées un sens du service public, des responsabilités et de leur intérêt incompris qui aurait rendu cela impossible. Là comme ailleurs, la financiarisation est passé par-dessus tout, l‘industrie, la recherche, les patients….

Les pharmaciens d’officine en première ligne

En première ligne face à la détresse et l’angoisse des patients, les pharmaciens d’officine voient leurs obligations logistiques prendre le pas sur leur mission de conseil. Face à ces difficultés de gestion, de nombreux pharmaciens regrettent que les tâches logistiques rendues nécessaires par les situations de pénurie prennent le pas sur leur fonction de conseil. La fonction de conseil apparaît elle-même dégradée par la faiblesse de l’information disponible. La fonction de conseil apparaît elle-même dégradée par la faiblesse de l’information disponible. Le manque d’indications concrètes sur les situations de pénurie, qu’il s’agisse de leurs causes ou de leur date prévisionnelle de résolution, entretient la frustration et l’angoisse des patients. La détresse qu’ils manifestent est alors difficile à gérer pour des pharmaciens d’officine qui se trouvent au bout de la chaîne d’approvisionnement du médicament, mais en première ligne face au mécontentement et au stress des malades.
Il peut également être difficile d’entretenir le dialogue avec les médecins prescripteurs en l’absence d’information concrète de la part des laboratoires et des autorités sanitaires. La mission d’information souligne que ces difficultés sont accentuées dans les pharmacies rurales, relativement plus touchées par les situations de pénuries que les officines urbaines, qui bénéficient de la proximité

Commentaire : c’est toujours un peu les mêmes qui trinquent le plus. Pharmaciens des campagnes, à vos gilets jaunes, avec vos patients !

Un problème pas seulement français !

Les difficultés d’approvisionnement ne sont pas limitées au territoire français : une situation comparable est observée à l’échelle européenne et internationale. À l’échelle européenne, une enquête menée en 2016 dans 21 États européens par le groupement pharmaceutique de l’Union européenne a montré que les pharmacies d’officine de l’ensemble des 21 pays couverts par l’enquête avaient été concernées par des phénomènes de pénurie durant les 12 mois précédents. Et pourtant, la France est l’un des trois seuls États membres de l’Union européenne à avoir introduit une définition des ruptures d’approvisionnement de médicaments dans leur législation nationale avec la Roumanie et la Slovénie et à avoir tenté de mettre en place un plan de gestion des pénuries. Notre pays se distingue ainsi, dans l’Union européenne, comme l’un des seuls États membres à définir explicitement et sur la base de critères objectivables les notions de ruptures d’approvisionnement, de ruptures de stock et de médicaments essentiels. En matière de stratégies de prévention et de gestion des ruptures, la France a également innové avec le concept de plan de gestion des pénuries, qu’elle a été conduite à présenter à ses partenaires européens à deux reprises.

Commentaire : on a bien compris depuis longtemps  que l‘Europe qui protège, c’est uniquement l’Europe qui protège la liberté de circulation des capitaux et des marchandises, pas les salariés, pas les patients, pas les personnels de santé ….

On en est à gérer la pénurie ! Quel aveu de faiblesse

Ce plan de gestion des pénuries (quel aveu de faiblesse, tout de même) comprend  la mise en place par les exploitants de centres d’appel d’urgence permanents accessibles aux pharmaciens permettant de déclencher des approvisionnements d’urgence une fois la rupture confirmée par le grossiste-répartiteur ou le dépositaire ; une définition précise des obligations de service public (Un gros mot pour l’Europe de Bruxelles) ! incombant aux grossistes-répartiteurs : ceux-ci sont tenus de disposer d’un assortiment de médicaments comportant au moins les neuf dixièmes des présentations de spécialités pharmaceutiques effectivement commercialisées en France, afin de satisfaire la consommation de leur clientèle habituelle pour une durée d’au moins deux semaines et d’honorer les commandes passées par les pharmacies dans un délai de 24 heures (en dehors des week-ends et jours fériés) ; - une obligation pour les exploitants d’assurer un approvisionnement approprié et continu des grossistes-répartiteurs afin de permettre à ces derniers de remplir leurs obligations de service public.

Et pourtant ce plan s’avère déjà insuffisant et inopérant face à l’extension des ruptures d’approvisionnement. C’est qu’il n’en traite pas les causes.

Des causes multiples : délocalisation des fabrications, pressions sur les prix, mise en cause du service public assuré par les répartiteurs.

la délocalisation et la concentration des fabrications de principes actifs. Pour des raisons de stratégie industrielle et financières, les firmes pharmaceutiques ont massivement délocalisé les sites de fabrication de principes actifs des pays occidentaux vers l’Asie, principalement Chine et surtout Inde. 35 % des matières premières utilisées dans la fabrication des médicaments en France proviennent de trois pays : l’Inde, la Chine et les États-Unis.
 L’Inde (4 442 sites de fabrication) et la Chine (2 794 sites de fabrication) concentrent à elles seules 61 % des sites de production de substances pharmaceutiques actives enregistrés à la même date dans la base EudraGMDP, concernant des médicaments commercialisés dans l’Union Européenne.
Ainsi sommes-nous pour une partie non négligeable de nos médicaments essentiels dépendant de l’étranger, et d’une chaîne de production que nous contrôlons fort mal, peu réactive et peu résiliente, très concentrée et qui ne permet plus de répondre à l’ensemble des besoins de santé. La FDA a identifié en 2018 219 sites en Chine (63%) et en Inde en contravention avec les bonnes pratiques de fabrication. 
Une partie des situations de pénuries provient de la fragilité croissante de cette chaîne de production. Autres problèmes : en Inde, les effluents des usines de fabrication d’antibiotiques, non traités, fortement concentrés en produits divers deviennent de véritables bouillons de culture pour organismes multi résistants- pas étonnant que l’un des plus terribles porte le nom New-Delhi metalloprotéase résistant.

Dans l’Union européenne, près de 40 % des médicaments finis commercialisés proviennent de pays tiers et 80 % des fabricants de substances pharmaceutiques actives utilisées pour des médicaments disponibles en Europe sont situés en dehors de l’Union. !

Signalons que d’autres économies développées ont néanmoins conservé des capacités de fabrication de substances pharmaceutiques actives non négligeables, dont les États-Unis (599 sites), la Suisse (399 sites) et le Japon (281 sites). Là encore, merci l’Europe qui protège !

2°) Une pression sur les prix de l’industrie pharmaceutique particulièrement intense en France.

Ca, ça a été longtemps la recette permanente de divers gouvernement irresponsables pour rééquilibrer les comptes de la sécurité sociale. Cela concerne surtout les médicaments anciens, pour lesquels, la recherche étant amortie, on a souvent considéré que les prix devaient baisser. Oui, certes, mais… les normes de différentes sortes deviennent plus strictes et les coûts de production augmentent, d’où un effet de ciseaux entre la baisse du prix de certains vieux  médicaments essentiels et l’augmentation des coûts de production qui peut même parfois aboutir à leur retrait du marché.

A cela s’ajoute le fait que sur ces vieux produits, les différences peuvent être importantes entre pays européens, et entrainer des exportations parallèles permises ( et même encouragées !) par la législation européenne : en cas de pénurie ; les pays où le médicament a le prix le plus élevé sera premier servi ! L’Europe du sud, en particulier l’Italie et l’Espagne ont été particulièrement concernés par des pénuries liées à ces exportations.

Enfin, dans un rapport d’octobre 20122 consacré à la fiscalité du secteur pharmaceutique, l’inspection générale des finances (IGF) et l’inspection générale des affaires sociales (Igas) ont recensé « un ensemble de 12 taxes représentant en 2011 près de 900 millions d’euros. La pression fiscale s’exerçant en France sur une entreprise de fabrication pharmaceutique est évaluée à 48,4 %, soit 5 points de plus que l’Allemagne (43,6 %) et près de 25 points de plus que la Suisse

Cette pression sur les prix atteint un point absurde dans les marchés hospitaliers de médicaments ; les réponses aux appels d’offres se présentent parfois avec des remises très élevées, allant jusqu’à 95 % du tarif du fournisseur ! Très bien, le marché est gagné à très bas prix ! Mais que se passe-t-il ensuite ? Eh bien, il arrive que le fournisseur sélectionné fasse défaut – et c’est pas rare ! La centrale d’achat Helpévia a dû procéder, au cours des dix dernières années, à plusieurs dizaines de milliers d'activations de la clause d'achat pour compte du fait d'une rupture de stock ; on estime qu'à l'échelle d'un établissement, cette procédure destinée à pallier le défaut d’un fournisseur doit être activée en moyenne trois fois par mois. Ainsi, en 2012, le laboratoire israélien Teva, spécialiste des génériques, a été retenu, dans le cadre d’un appel d’offres pour UniHA, pour la fourniture de la molécule anticancéreuse Oxaliplatine®, initialement princeps de Sanofi. Or, après un problème de production, la clause d’achat pour compte a dû être activée à un prix 1 127 fois plus élevé ! ». Selon Eric Tabouelle, viceprésident du Claps, il n’est pas rare de voir les prix augmentés de 500 à 2 000 % par rapport au prix du marché dans le cadre d’une procédure d’achat pour compte. Lors de son audition par votre mission d’information, il a notamment cité le cas de la gemcitabine, molécule utilisée en oncologie, facturée 200 euros par le laboratoire concurrent contre 8,95 euros par le titulaire du marché.

La procédure d’achat pour compte permet d’obliger le titulaire du marché défaillant à rembourser le surcoût ainsi généré.  Sauf que, à la difficulté de trouver un fournisseur concurrent capable d’approvisionner l’établissement s’ajoute le coût financier de l’approvisionnement auprès d’un concurrent à un prix non négocié au préalable – quoique la plupart des marchés hospitaliers intègrent aujourd’hui une clause d’achat pour compte. Les établissements ne sont cependant remboursés qu’après la fin de la rupture et la clôture de la procédure, ce qui occasionne des décalages de trésorerie importants.

Et disons-le, ce mécanisme est particulièrement pervers et générateur de ruptures qui, outre leur coût plus ou moins compensé par le rachat pour compte mettent en péril la santé et parfois même la vie des patients. Les sénateurs en ont été bien conscient à travers leurs propositions 10 et 11 (Proposition n° 10 : Revoir les objectifs et la dimension des appels d’offres hospitaliers dans le but de sécuriser les approvisionnements et de préserver des solutions alternatives en cas de défaillance du titulaire du marché. Proposition n° 11 : Encadrer les surfacturations opérées dans le cadre des procédures d’achat pour compte en fixant un seuil maximal pour les majorations de prix pratiquées dans ce cadre. Renforcer les obligations éthiques des entreprises pharmaceutiques).

3%) La dégradation du service public de la répartition- les short liners

Un métier injustement ignoré, celui de la répartition (grossistes en médicaments si l’on veut !). Les répartiteurs, bien que privés,  ont des obligations de service public (OSP) sont tenus de disposer d’un assortiment de médicaments comportant au moins les neuf dixièmes des présentations de spécialités pharmaceutiques effectivement commercialisées en France, afin de satisfaire la consommation de leur clientèle habituelle pour une durée d’au moins deux semaines et d’honorer les commandes passées par les pharmacies dans un délai de 24 heures (en dehors des week-ends et jours fériés)- et ceci dans les quelques 22000 pharmacies françaises, où qu’elles soient, qu’il vente, pleuve ou neige, deux fois par jours, avec un système d’astreinte le week-end et jours fériés.

Eh bien, jusqu’à présent, les grossistes répartiteurs ont plutôt bien rempli leurs obligations de service public (OSP).  L’intervention des grossistes-répartiteurs a permis en règle générale de limiter les indisponibilités de médicaments. Selon la chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), si les répartiteurs ne reçoivent en moyenne que 85 % des produits commandés aux fabricants, leur organisation logistique leur permet d’approvisionner les pharmacies à hauteur de 95 % des commandes passées. La bonne observation des OSP comme la précision de la mécanique logistique des répartiteurs permettent donc de diviser par trois le nombre de ruptures potentielles.

Ah ben oui, mais l’Europe n’aime pas les service publics ! Sont donc apparus des établissements dit « short liners, ainsi qualifiés par l’IGAS (rapport n° 2014-004R) :  « Une vingtaine d’établissements dits short liners ayant le statut de grossistes répartiteurs ne répondent pas aux obligations de service public. Ils ne proposent qu’une courte gamme de médicaments, la plus rentable, à un nombre réduit d’officines auxquelles ils vendent de grandes quantités quand ils ne travaillent pas uniquement à l’export. ne détiennent pas physiquement en stock et sciemment la collection requise et acquièrent des stocks pour un assortiment très limité de spécialités, sous couvert de leur autorisation d’ouverture. Ils les revendent ensuite à d’autres distributeurs en gros, notamment au sein de l’Union européenne. Ils sont désignés comme short liners par opposition aux full liners qui assurent la répartition en distribuant une large gamme de médicaments. Ils réduisent ainsi les stocks destinés aux patients français et augmentent le risque de ruptures. Ces entreprises ne répondent pas, ou seulement partiellement, à leurs obligations de service public.

Pour l’instant, L’ANSM, en partenariat avec les ARS, ordonne leur fermeture lorsqu’il est prouvé qu’ils n’ont pas de clients officinaux. » . Elle demande également  la publication sur le site Internet de l’ANSM d’un avis aux pharmaciens responsables des grossistes-répartiteurs qui précise les modalités d’ouverture effective et de démarrage des opérations de distribution ; la systématisation d’une inspection menée dans l’établissement durant l’année suivant l’ouverture effective, au cours de laquelle est notamment vérifiée la mise en œuvre des engagements pris par le pharmacien responsable au moment de la demande d’ouverture ;  le cas échéant, dépôt de plaintes au Conseil national de l’ordre des pharmaciens à l’encontre des pharmaciens responsables.

Une dépendance problématique, même pour la défense nationale

Depuis janvier 2018, deux sanctions financières ont été prononcées pour non-respect des obligations de
service public, pour des montants respectifs de 85 000 € à 149 000 €.
Commentaire : prise de conscience méritoire, mais ça m’étonnerait que ce soit très dissuasif ! Et suivons avec beaucoup de méfiance la suite du match éventuel contre les institutions européennes !
Les pénuries dramatiques de médicament affectent maintenant la France de manière régulière, et de plus en plus d’autres pays d’Europe, pour des médicaments essentiels. Elles résultent principalement de trois facteurs 1°) la délocalisation et l’extrême concentration des fabrications de principes actifs dans des pays lointains à bas coût de production, qui entraine une fragilisation massive de toute la chaine du médicament ; 2°) une fiscalité et des pressions sur les prix particulièrement lourds, mal conçus et dangereuse pour la santé publique ; 3°) Une mise en cause par l’idéologie ultralibérale européenne du service public de la répartition.

Cette dépendance croissante vis-à-vis de fabricants extérieurs devient même très problématique du simple point de vue de la défense nationale. Particulièrement inquiétant a été le témoignage devant le Sénat de M. François Caire-Maurisier, pharmacien en chef de la pharmacie centrale des armées,  Il a en particulier indiqué qu’« il est arrivé que la fourniture, notamment pour la doxycycline, s’arrête à la suite d’un durcissement des normes sanitaires en Chine et du retrait de l’agrément de la Food and Drug Administration (FDA) consécutivement à une inspection en Inde. S’en est suivie une véritable bataille pour les stocks encore disponibles, et nous avons dû nous rabattre sur l’unique fabricant restant. […] Même, un partenaire européen nous a mis en difficulté pour le développement d’un produit en fermant une source pour se rapprocher d’un autre acteur, si bien que la France est aujourd’hui, dans un des domaines de contremesures contre le risque nucléaire et radiologique, dépendante d’un laboratoire étranger. Nous ne devons pas rester dépendants de laboratoires étrangers car, en cas de tensions, nous serons servis en derniers…. »

M. Caire-Morisier a plaidé devant le Sénat pour une relocalisation de la production des substances pharmaceutiques actives essentielles sur le territoire national ou, à tout le moins, européen. […] Il serait bon que l’État acquière un site de production chimique fine –l’équivalent de la pharmacie centrale des armées mais pour la production de substances actives.

Une telle solution ne serait pas inédite. La Suisse dispose ainsi d’une pharmacie de l’armée chargée, dans le cadre d’un programme dénommé « Service sanitaire coordonné », d’assurer la sécurité de l’approvisionnement du pays en médicaments essentiels. Elle peut être conduite à fabriquer elle-même ces médicaments ou à conclure des contrats de garantie avec des entreprises pharmaceutiques, et a vocation à constituer des stocks de sécurité. Dans cette logique, le Conseil fédéral suisse a proposé d’inviter la pharmacie de l’armée à « produire des médicaments (assortiment de base) dans des cas précis et à attribuer des mandats de production à des petits sites de production. ». Certains hôpitaux américains s’organisent par ailleurs au sein de structures sans but lucratif en vue de produire eux-mêmes des médicaments génériques pour faire face à des ruptures chroniques et à des prix rédhibitoires.

Les propositions sénatoriales.

Le vieux monde politique raillé par les Macronistes ne fonctionnait pas si mal, et le Sénat, pour faire face aux ruptures de médicaments a mis en avant 29 propositions, dont la plus iconoclaste et sans doute l’une des plus efficaces (mais en rupture avec l’idéologue ultralibérale européenne) rejoint la proposition du Pharmacien général des armées. (Proposition n° 7 : Intégrer dans le référentiel des inspections de l’ANSM et de l’EMA l’évaluation de la soutenabilité des capacités de production et de leur adéquation à la demande projetée, avec publication de lettres d’avertissement en cas de vulnérabilités. Vers un programme public de production et de distribution de certains médicaments essentiels. Proposition n° 8 : Instituer un programme public de production et distribution de quelques médicaments essentiels concernés par des arrêts de commercialisation, ou de médicaments « de niche » régulièrement exposés à des tensions d’approvisionnement, confié à la pharmacie centrale des armées et à l’agence générale des équipements et produits de santé. Mieux prendre en compte les impératifs d’approvisionnement dans les conditions encadrant la commercialisation des médicaments. Éviter le désengagement des laboratoires sur les médicaments essentiels peu rémunérateurs). Signalons dans la même idée de remédier au problème critique des principes actifs également les propositions 3, 4 et 5 d’exonérations fiscales, d’aides à l’embauche et de contrats tripartites pour l’installation de nouvelles entreprises fabricantes. Les propositions 10 et 11 s »’attaquent spécifiquement au problèmes des approvisionnements hospitaliers (Proposition n° 10 : Revoir les objectifs et la dimension des appels d’offres hospitaliers dans le but de sécuriser les approvisionnements et de préserver des solutions alternatives en cas de défaillance du titulaire du marché. Proposition n° 11 : Encadrer les surfacturations opérées dans le cadre des procédures d’achat pour compte…). La plupart des autres propositions ont un rôle plus défensif concernant la définition et la signalisation à l’échelle européenne des médicaments essentiels et de leurs pénuries, la publication des entreprises défaillantes et de leur historique sur le site de l’Agence du médicament, un mécanisme de sanctions financières non détaillé. Plusieurs propositions visent à conforter le rôle de service public des répartiteurs et à contrôler et réprimer le rôle parasitaire des short-liners- indispensables, mais quid de Bruxelles. Enfin, on restera très critique devant les propositions d’autorisation du déconditionnement des médicaments, très dangereuses pour la sécurité de la chaine du médicament  (et la lutte contre les médicaments falsifiés, autre problème qui devient récurrent), et qui devraient être très encadrées et réservées à des situations critiques.

Nous avions naguère un système de santé plutôt performant en matière de médicament. Ne le laissons pas détruire par la secte libérale au pouvoir à Bruxelles.

Tiens actualisation de juillet 2019 :il semble enfin que le gouvernement (Agnès Buzyn) commence à s'inquiéter du problème. le plan anti-pénurie de médicaments présenté par la ministre de la santé s'articule autour de trois axes : 1) la "transparence et l'information du public et des professionnels", "l'action sur le circuit de production des médicaments", 2) en incitant par exemple les laboratoires à produire en France, avec en échange, des avantages fiscaux ; 3) Enfin, en renforçant la coordination internationale, car on produit aujourd'hui dans le monde entier

Commentaire : 1) ça mange pas de pain ; 2) Bonnes paroles, mais on va voir ; on parie combien que la Commission Européenne s’y opposera ; 3) Ah tiens, et pas un mot sur les importations parallèles… 

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vendredi 14 décembre 2018

Jours de colère n°4 ou pourquoi j’ai porté un gilet jaune- la fiscalité écologique


Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, certains écologistes des beaux quartiers ministériels ont décidé qu’il fallait modifier les comportements en frappant les automobilistes au porte-monnaie. Ainsi fut décidée une taxe carbone parfaitement indolore pour ceux qui ont les moyens d’avoir un SUV dans Paris mais qui pénalise fortement ceux qui n’ont guère le choix de leur mode de transport, ceux qui doivent accomplir de long trajets pour pouvoir accéder à un travail trop rare, sans compter les artisans qui doivent se déplacer de chantiers en chantiers, ceux pour qui naguère le Diesel était un choix évident, économique et même écologique ( il consomme moins de carburant..), un choix encouragé par l’Etat, et qui n’ont pas les moyens de changer un véhicule essentiel pour eux et leur famille, même avec une prime dont le montant laisse rêveur devant l’inconscience de ceux qui osent la proposer comme une solution efficace et généreuse.

Mais il fallait apprendre aux « manants » (ceux qui sont assignés à résidence) la nécessité et la beauté de la transition écologique.

Alors il se passa ce qui devait se passer, le réveil enfin, l’insurrection de ceux que l’on ne voyait pas et quoi surent se rendre bien visibles, de ceux qui ne purent supporter la taxe de trop, celle qui leur rendait la vie vraiment impossible.

Ces mesures d’urgence sociale demandées par les gilets jaunes, l’annulation de l’augmentation au prétexte écologique des taxes sur l’essence et le Diesel, ordinaire et professionnel, allez, il y en avait à la louche pour 2-3 milliards !

Eh bien non ! Refus total d’un gouvernement et d’un président bien décidés à ne pas « changer de cap » !

On sait maintenant la suite, et comment ce qui paraissait impossible, foi d’écologie et foi d’Europe à 3% est devenu, et bien au-delà, brusquement possible.

Mais voilà pour moi le pire !

Au nom de la transition énergétique, nous avons déjà cramé 38 milliards d’euros (oui, 38 put…de milliards d’euros) pour subventionner l’installation d’éoliennes qui génèrent 0.7% (0.7% !) de la production électrique, et encore, pas quand on en a besoin, mais quand il vente !

Et la loi de transition énergétique prévoit 121 milliards, 121 put… de milliards d’euros qui vont rejoindre pour l’essentiel les poches profondes des margoulins des éoliennes, les champions de l’escroquerie et de la corruption des petits maires.

Pour comparer, le grand carénage d’EDF, qui permet de prolonger de 30 ans l’ensemble des réacteurs du parc nucléaire français, c’est 55 milliards. Lesquels pourront produire 75% de la consommation électrique, eux !

L’EPR de Flamanville, malgré toutes les bêtises que ce prototype a essuyé, c’est 11 milliards d’euros. Il peut faire encore dix fois la culbute (bon, n’en profitez quand même pas les gars !), il sera toujours, avec ses 10 milliards de kWh (10 TWh) par an, pendant  60 ans, toujours beaucoup moins cher que les éoliennes !

Et vous savez quoi ! C’est qu’en plus pour chaque électron produit par une éolienne, il faut ajouter au moins quatre électrons produits par une centrale à gaz de façon à compenser leur intermittence. Et ça, c’est pas du tout bon pour le climat ! Pas écologique pour un pet !

Tiens, encore un autre chiffre, pour se rendre compte. Pour remplacer une centrale telle celle de Fessenheim (puissance nominale 1800 MW et coefficient de production de 90%), il faut à la louche 4000 éoliennes. Donc, pour remplacer une seule centrale nucléaire, et pas la plus moderne, et pas la plus puissante, avec des éoliennes de 2 MW, il faudra les aligner de Nice à Perpignan (2 x 475 km) sur deux rangées tout le long de la côte méditerranéenne + le tour de Corse (325 km), soit 1350 km !

Et tiens, encore un summum d’absurdité, dénoncé dans une remarquable série de vidéos par la CGT. 

Le premier janvier 2018, il faisait relativement bon, il y avait du vent. Production très importante éolienne en France et en Europe…, sauf qu’il n’ y avait aucun besoin industriel et peu de besoin domestique (tout le monde sous la couette !)  Résultat l’électricité était achetée à 82 euros le MW par EDF aux margoulins des éoliennes (priorité d’achat et prix garantis Cochet oblige) et  vendue sur le marché à -15 euros ! (oui, à prix négatif !) le MW, ce qui coûte aux Français 97 euros le Mw ! Le lobby de l’éolien remercie les Verts !

Donc voilà pourquoi j’ai enfilé un gilet jaune. Plus une taxe carbone !, plus un impôt écologique ! Plus une taxe carburant ! tant qu’on construira des éoliennes, qu’on engraissera les margoulins des énergies renouvelables, qu’on gaspillera le patrimoine français en fermant sans raison des centrales nucléaires !

Et même, affairistes voleurs, politiciens imbéciles ou corrompus… Rendez- moi le grisbi !
Je vais plus le quitter ce gilet jaune !

Remember :  l’écrasement des classes moyennes produit des monstres politiques.