Viv(r)e la recherche se propose de rassembler des témoignages, réflexions et propositions sur la recherche, le développement, l'innovation et la culture



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mercredi 27 décembre 2017

Merci Anne Hidalgo ! Et dégagez bien vite !

Merci Anne Hidalgo pour la piétonisation des voies sur berges à Paris, et ses conséquences : les embouteillages se sont considérablement aggravés et ont entraîné des temps de parcours bien plus longs. Ainsi et à titre d'exemple, le temps de parcours a augmenté de 54% sur les quais hauts, de 28% boulevard Saint-Germain où le trafic s'est reporté. Les conséquences ont rejailli aussi autour de la capitale. Le temps de parcours est en hausse de 47% sur l'A 86 dans le sud de Paris, de 21% à l'est de Paris sur la même rocade ; pour les temps de transport en commun rallongés ; pour la pollution aérienne et sonore qui s’est déplacée des berges de la Seine en pleine ville, par exemple Boulevard Saint Germain et sur les quais hauts - génial
Merci  Anne Hidalgo pour votre haine des automobilistes qui vous conduit à toutes les mesures pouvant leur compliquer la vie avant même la mise en place d’alternatives acceptables ; pour les plans délirants de restriction de la circulation rue de Rivoli, à tel point qu’ils vous ont attiré un avertissement du préfet de Paris, parce qu’ils mettent en cause la rapidité et l’accessibilité des secours sanitaires
Et ceci alors que le site caradisiac, après deux mois d’enquête révèle votre utilisation à tout crin de votre voiture de fonction, que quelque soit votre trajet, vous vous déplacez en voiture, que vous venez tous les jours en voiture à votre bureau de l’Hotel de Ville, sans parler des opérations de communications qui devraient vous discréditer à jamais, comme lorsque vous montez sur son vélo devant les caméras, mais que votre véhicule de fonction attend quelques mètres plus loin, pour vous récupérer une fois l'opération de communication terminée.
Merci Anne Hidalgo pour ces bus hybrides soi-disant écologiques, qui sont de véritables bétaillères, où le nombre de place assises a été réduit quasiment néant, où la climatisation en été est absente au point de provquer des malaises, et qui ne sont pratiquement pas éclairés la nuit à l’intérieur
Merci Anne Hidalgo pour la journée sans voiture, si magnifique illustration de votre obsession à embêter les Parisiens, et du faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Et Merci aussi pour la journée du Grand Nettoyage, où l’on voit une maire soi-disant socialiste réinventer le servage, incapable que vous êtres d’assurer la propreté de Paris devenu l’une des capitales les plus sales d’Europe.
Merci pour vos écoaménagements, cette interminable séparation de béton qui coupe désormais en deux les boulevards de Port Royal et de Montparnasse,  pour un coût de plusieurs millions d'Euros, avec ce que vous vouliez exactement, c’est-à-dire la quasi-impossibilité pour les voitures de franchir les frontières entre les arrondissements et l'obligation, pour les piétons, de regarder à gauche puis à droite, puis à gauche, puis à droite avant de traverser quatre voies particulièrement dangereuses, tandis que les usagers du bus doivent courir vers des abribus centraux au risque d'être fauchés par un vélo ou un scooter caché? Combien de morts et de blessés à cause de ces murs Baupin ?

Et comme si ça ne suffisait pas, Merci pour cette idée géniale d’expérimenter la suppression des feux rouges aux carrefours. Après les piétons distraits ou lents, vous avez décidé d’avoir la peau des aveugles ?

Merci, toujours dans le quatorzième pour votre écoquartier débile, véritable ghetto à bobos, avec sa densité record de  440 habitants par hectare, à comparer à la moyenne parisienne actuelle de 232 habitants, avec ses prétendus espaces verts qui ne seront que d'étroits couloirs de circulation, qualifiés - cela change tout! - de «zones refuges à végétation autochtone…favorables à la biodiversité !!!!  
                                                                                                                  
Merci pour l’augmentation à 50 euros des amendes de stationnement

Merci encore pour la désorganisation du service Velib, très bien géré par Decaux, pour le gaspillage insensé que représente la mise au rebut des cycles et la totalité des bornes, pour le remplacer par une société qui n’a jamais eu l’expérience d’une gestion à cette échelle, et dont on annonce déjà qu’elle sera incapable de remplir ses engagements de restaurer le service en janvier.

Merci pour votre goût d’une extrême sureté qui vous conduit à choisir pour la prestigieuse Ile de la Cité le projet le plus destructeur et le plus mégalo qui soit, avec la disparition des éléments qui en, faisaient le charme, tel le marché aux fleurs, et sa transformation en Luna Park pour touristes de mauvais goûts, avec vos passerelles couvertes de commerce-où les romantiques pourront-ils tranquillement voir la Seine


Merci pour tout, et surtout, dégagez bien vite !

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samedi 23 décembre 2017

Ordonnances Macron amères : la Convention Collective de la Chimie menacée

Depuis six semaines et 2 réunions paritaires plénières, une intersyndicale CGT,  CFE-CGC et FO a engagé contre l’UIC (Union des Industries Chimiques) un bras de fer afin de maintenir des dispositions non dérogeables en entreprises, en matière de salaires minima, ainsi que des primes et des repos liés aux conditions et rythmes de travail, d’ancienneté, etc. et des garanties de salaire en maladie.

Les trois organisations syndicales  (la CFDT ne s’y associe pas, comme c’est original !) ne revendiquent pas de droits nouveaux, juste le maintien du socle de droits conventionnels existant. Pour L’UIC, c’est encore trop, et la chambre patronale affiche ainsi clairement la volonté de ses adhérents de réduire les garanties pour les salariés.

Il est vital de défendre aujourd’hui la Convention Collective Nationale des Industries Chimiques

Les nombreuses garanties obtenues au fil du temps et inscrites dans la Convention Collective pour tous les salariés, quelle que soit leur catégorie professionnelle, pourront demain être remises en cause par l’UIC, conséquence des ordonnances Macron.
Certaines de ces garanties peuvent être méconnues par les salariés, mais elles sont généralement la base d’accords qui les améliorent dans les entreprises. Pour les salariés des plus petites entreprises, ces garanties constituent bien souvent une partie importante de la rémunération. Dans tous les cas, elles agissent comme un filet de sécurité en cas de difficultés.

Primes d’anciennetés : limitées à 15 ans pour les salariés des deux premiers collèges, elle représente par exemple 267 euros mensuels pour un technicien classé à 275 ayant 12 ans d’ancienneté. Dans une entreprise payant les salariés au minimum conventionnel, c’est plus de 10% de la rémunération.

Travailleurs postés : la Convention garantit une prime minimale de 20% du taux minimum conventionnel pour chaque heure effectuée de nuit. Elle prévoit également une prime de 100% de ce taux horaire pour le travail du dimanche, doublée d’un jour de récupération (qui peut être payé) pour les jours fériés. Pour un opérateur classé à 190, c’est la garantie d’une majoration minimale de 70 euros par dimanche par exemple.

Maintien du salaire en cas de maladie : à partir d’un an d’ancienneté, le salaire est maintenu à 100 % pendant quatre mois. Ce délai est porté à six mois pour sept ans d’ancienneté. C’est cette disposition qui impose aux entreprises le paiement des jours de carence aujourd’hui au nombre de trois.

Rémunération des cadres : c’est la convention collective qui oblige aujourd’hui les entreprises à prévoir des augmentations minimales équivalentes pour les salariés du troisième collège lorsqu’elles sont négociées pour les salariés des deux premiers collèges ? Et demain ?

Suppression DP-CE-CHSCT et réduction du nombre d’élus : que ce soit dans les ateliers ou dans les sièges sociaux, le CHSCT est un véritable garde-fou essentiel aux conditions de travail des postés comme à la préservation de la santé des cadres. Faire croire, comme le font les ordonnances, que les prérogatives sont transférées tout en supprimant la souveraineté de cette commission et ses représentants est tout simplement criminel.
Prétendre que les salariés seront protégés car les dérogations à ces élément ne seront possibles qu’en cas d’accord majoritaire est mensonger. Cela ne fera qu’encourager les chantages à l’emploi comme cela a été le cas dans d’autres secteurs (Smart, Bosh, etc.) avec les résultats que l’on connait : les salariés se déchirent, les remises en cause passent par referendum, puis, de toute façon, les licenciements tombent.  

Devant la gravité de la situation, les fédérations de la Chimie CFE-CGC, FNIC-CGT et Fédéchimie FO ont décidé de passer outre leurs divergences et de se rejoindre autour d’une revendication commune : demander ensemble à l’UIC de négocier un accord qui permettrait à tous les salariés de la profession, quelle que soit la taille de leur entreprise, le maintien de ces garanties conventionnelles.

L’UIC a répondu qu’elle ne souhaitait pas s’engager dans cette voie.

Face au risque sans précédent de dumping social, d’appauvrissement de toutes les catégories de salariés de la branche (de l’opérateur à l’ingénieur) et d’atteintes inéluctables à la santé et à la sécurité, les trois fédérations ont décidé de maintenir la demande de négociation de ce projet d’accord, préalablement à toute autre discussion avec l’UIC.
Etape dans la mobilisation pour infléchir la position de l’UIC, les trois fédérations invitent les salariés à signer massivement la pétition porteuse de cette exigence. (chère intersyndicale, essayez de rendre possible une signature en ligne sur internet, merci  !

Pétition commune CFE/CGC, CGT , Chimie : (voir image)

Branche Chimie : pour une Convention Nationale Collective des Industries Chimiques qui soit un véritable socle de droits pour tous les salariés
Répondant au revendications du MEDEF, Macron et son gouvernement ont fait le choix de la régression sociale en permettant aux employeurs de déroger de façon moins favorable, c’est-à-dire baisser, voire supprimer, différentes éléments de notre convention nationale de la Chimie. Pour exemple, peuvent être concernés :
Primes d’ancienneté,
Primes de nuit, de dimanche ou de férié
Jours de carence et maintien du salaire en cas de maladie
CHSCT
Repos compensateurs
Augmentation générale pour les cadres comme pour les autres salariés

Les organisations CFE-CGC chimie, FNIC-CGT et Fédéchimie FO demandent à l’UIC et aux fédérations associées de maintenir le socle de garanties collectives  existants


vendredi 22 décembre 2017

La France de Macron a-t-elle une politique industrielle (2)? Airbus, état d’urgence !

Airbus près de la catastrophe : enfin ! Enders débarqué

Ca commençait à prendre vraiment mauvaise tournure, au point que l’on pouvait se demander si Enders n’était pas un agent américain chargé de détruire Airbus. Sur deux fronts, sa direction a été catastrophique, celui, bien connu, des affaires de corruption, celui, moins connu de la recherche.

Action contre la corruption : une stratégie erratique, une politique de Gribouille

Comme beaucoup dans ce marché très particulier de l’aviation, Airbus a dans le passé eu recours à des pratiques et des intermédiaires sans doute contestables. Au départ, deux marchés étaient particulièrement visés et les justices de plusieurs pays cherchent à savoir si des consultants rémunérés par Airbus dans les campagnes de ventes d'avions notamment en Chine et en Turquie ont pu se rendre coupables de pratiques litigieuses s'apparentant à de la corruption. Alors Enders et sa direction prirent une décision baroque : s’autodénoncer auprès des autorités françaises, anglaises, et finalement, et encore plus problématiques, américaines. Or, on sait combien la loi américaine anti-corruption et la compétence universelle que s’accordent les juridictions européennes est devenue une arme massive de destruction des concurrents étrangers.

En matière aéronautique militaire, les USA ont mis au point une arme encore plus terrible, ITAR. Selon la réglementation ITAR, toute compagnie souhaitant exporter des équipements intégrant des pièces d'origine américaine de plus de 500.000 dollars doit obtenir des US une licence ITAR. Or, le précédent British Aerospace montre que ce système peut conduire à des pénalités extrêmement importantes alors même que le gouvernement US ne pouvait pas obtenir une condamnation pour corruption en vertu de la FCPA [législation anti-corruption].

Cette manière de se jeter dans l’eau pour éviter d’être mouillé laisse songeur. Car, du coup,  ce sont des dizaines de deals remontant jusqu'en 2005 qui vont être passés à la moulinette des juridictions US.  C'est tout un «ancien monde qui va apparaître» comme le décrit un ex-cadre de la sensible division Stratégie & Marketing qui pilotait la centaine d'intermédiaires « apporteurs d’affaires » de par le monde – les commissions sont bien légales, ce sont les rétrocommissions, qui sont interdites. C’est tout l’ensemble des précieux intermédiaires commerciaux, l’ensemble du système de négociation des grands contrats internationaux d’Airbus qui est en train d’être intégralement livré aux autorités américaines…et à Boeing par la décision personnelle d’Enders. Et cerise sur le gâteau, preuve de la bêtise sombre, incompréhensible sauf sabotage voulu, Airbus a décidé de refuser de payer des centaines de commissions légales, et se trouve poursuivi par ses intermédiaires commerciaux furieux et d’ors et déjà condamné. L’idée, était semble-t-il de montrer que ces contrats n’étaient pas problématiques puisque la justice française contraignait Airbus à les honorer- or, la justice se prononce sur l’existence du contrat lui-même et ses obligations, pas sur ce qu’il recouvre en réalité.

La communauté française du renseignement avait alerté le gouvernement sur le risque majeur que représente l’attitude d’Enders pour Airbus et pour les intérêts nationaux français. Face aux offensives américaines, seule une riposte européenne résolue et au final, probablement, une prescription sur tous les contrats anciens pourra empêcher les USA d’utiliser leur hypocrite législation anti-corruption à l’usage exclusif de leurs concurrents (voir aussi les conditions du rachat d’Alsthom pour CGE)

La recherche d’Airbus décapitée

Un autre aspect de la catastrophique gouvernance Enders a fait l’objet d’un article remarquable dans Marianne (15décembre 2017) (La Silicon Valley à l’assaut de l’avionneur européen). Il s’agit  de la décision d’Enders de propulser à la tête de la recherche d’Airbus un américain de 37 ans, Paul Eremenko, tout juste issu de la Darpa (l’Agence de recherche du Pentagone !). Pendant qu’ Eremenko communiquait à fond sur ses projets mirifiques (des hélicoptères à la demande avec Uber, une plate-forme volante intitulée Vahana), il « désorganisait les problèmes de recherche véritablement structurant pour l’avenir industriel du groupe comme proposer un remplaçant dans les prochaines années à l’A 320… Ils ont dépense des centaines de millions dans un projet de centre de recherches en Californie alors que ces dernières années, il était toujours très difficile de négocier nos projets de recherche ».

« Ce qu’Eremko a réussi à faire, c’est casser la recherche chez Airbus a déclaré Françoise Vallin, déléguée CFE-CGC »- encore une fois, cette montée en puissance de la contestation chez la très réformiste CFE-CGC a quelque chose de très significatif que le patronat et le gouvernement devraient prendre en considération. Et de fait, en 2016, 400 postes d’ingénieurs ont été supprimés, ce qui a conduit à la fermeture du siège historique de la Recherche et Développement du groupe à Suresne, centre issu de l’Aérospatiale et de Matra à l’origine de la plupart des grands problèmes d’avion chez Airbus.

A peine un an après sa nomination à la direction technique du groupe Airbus, Eremenko, après avoir tout désorganisé, partait pour UTC, un des grands sous-traitants américain d’Airbus. » Il a eu accès à toute notre connaissance, et maintenant il s’en va » s’indigne un ingénieur d’Airbus. En effet, c’est on ne peut plus problématique !

Encore une fois, incompétence, naïveté totale vis-à-vis des USA, ou, plus grave, sabotage délibéré, la gouvernance Enders a faille détruire Airbus et ses conséquences les plus graves restent encore à venir. Le président Macron en était conscient, et avec Merkel, a décidé et finalement réussi à faire partir un Enders qu’il n’estimait pas beaucoup. Marianne rapporte la scène suivante : lors du Salon international de l'aéronautique du Bourget. « Emmanuel Macron arrive sur le tarmac de l'aéroport à bord d'un A400M, l'avion militaire de transport d'Airbus, et se dirige vers le stand du groupe aéronautique. Là l'attend Thomas Enders, le PDG allemand. « Bienvenue monsieur le Président », lui lance-t-il souriant. Réponse glaciale du chef de l'Etat : « En France, personne ne me souhaite la bienvenue. Je suis chez moi. »

Alors, le gouvernement Macron a-t-il une politique industrielle ? Dans le cas d’Airbus, au moins l’intervention a été claire (et  encore serait-il souhaitable qu’Enders ait des comptes à rendre) et bienvenue, quoique bien tardive.  Mais la politique industrielle du gouvernement Macron se limite-t-elle à des géants de la taille d’Airbus en situation critique par la faute d’un management fou ou traître ?  Pour l’ instant, il semble que la réponse soit oui, malheureusement. 

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La France de Macron a-t-elle une politique industrielle (1)? Orange et ADP

Il semble que le gouvernement assiste  sans trop s’émouvoir à la disparition ou au passage sous pavillon étrangers de fleurons français comme Alstom énergie (une industrie stratégique pour le nucléaire, entres autres), Galderma (dermatologie), Mérial (santé animale)- cf mes précédents blogs. S’agit-il d’une absence d’intérêt et de compréhension des enjeux industriels de la part de dirigeants qui ne connaissent que la finance ? D‘une manifestation de plus de la secte libérale, incapable de comprendre que la localisation des centres de décision et de recherche, oui ça a une importance pour tout le patrimoine industriel d’un pays ? Quelques exemples plutôt inquiétants, dans un premier temps, et dans un second blog, l’exemple d’Airbus, qui autorise peut-être quelque espoir.

Orange trop riche, pas assez stratégique ! et pourtant un acteur essentiel du service public du numérique (cf. Mariane, 1 décembre 2017)

A Orange, beaucoup spéculent sur une cession partielle des 20% détenus par la puissance publique, éventuellement par l'intermédiaire de la BPI. D(ailleurs, le PDG Stephane Richard ( le mis en examen de l’arbitrage Tapie, indice potentiel de son savoir-faire industriel) a prévenu ses salariés qu’Orange n’avait rien à craindre d’une privatisation et trouverait sans mal un opérateur qui défendrait ses intérêts)… Il ne s’agit là que de la mise en musique de propos inquiétants d’Emmanuel Macron en avril 2017 : «  Orange n’est ni une entreprise du secteur nucléaire ou de la défense, ni une entreprise assurant un service public en monopole »…

Les cadres et salariés d’Orange ont un avis différent et plus autorisé. En septembre, la CFE-CGC d'Orange et l'Association pour la défense de l'épargne et de l'actionnariat des salariés (Adeas) ont écrit au Premier Ministre pour lui faire part de leur préoccupation : « Orange est un acteur clé de la souveraineté numérique de la France. Orange est également présent dans la cybersécurité, avec Orange Cyberdéfense. Elle pose des câbles sous-marins, avec Orange Marine, et investit massivement en Afrique. » . (Il est à remarquer que l’attitude de plus en plus revendicatrice de la CGC en tous domaines traduit probablement une rupture de plus en plus profonde des cadres avec la gouvernance financière des entreprises, ce dont on ferait bien de s’inquiéter)   

Et surtout Orange réalise 80% du câblage du territoire français en fibres optiques ( et le mirobolant Free vient de renoncer à ses engagements en ce domaine, tant pis pour ceux qui y croyaient). Qui pour assurer à sa place ses missions dans un domaine essentiel pour la compétitivité et l’égalité des territoires en France, dans ce qui constitue véritablement un service public du numérique ? Là encore, la secte libérale nie les faits et compromet l’avantage que constitue une entreprise forte d’Etat pour assurer un service public garantissant l’accès aussi égal que possible de tous au numérique et l’existence de plus en plus insupportable et économiquement handicapante de zones dépourvues d’accès internet est déjà un résultat  du renoncement à maintenir un service public des telecoms et de l’introduction  d’une libre concurrence libérale dans un domaine où elle ne peut être effective. En effet, là encore, sauf à pratiquer le déni des faits caractéristique de la mentalité sectaire, le libre concurrence ne fonctionne pas lorsqu’il s’agit de faire bénéficier l’ensemble de la population, avec une exigence d’égalité, d’un service exigeant des investissements et une recherche technologique lourdes. Cela ne signifie évidemment pas que pour autant certains secteurs ne doivent pas être ouverts à la concurrence : personne ne propose de revenir à un opérateur téléphonique ou à un fournisseur d’accès internet unique…mais existence d’un opérateur historique, bien gérée, constitue un atout et non un handicap…

Privatisation des Aéroports : le précédent des autoroutes n’a pas suffi ?

Face à la possible privatisation des aéroports, en particulier, ceux de Paris, le PDG d’Air France Jean-Marc Janaillac, qui lui, est un industriel et non un financier, a réagi vivement en demandant à l’Etat de ne pas s'en tenir uniquement à "la logique budgétaire" dans sa décision de privatiser ou non des aéroports parisiens. Dans une tribune libre au Monde, qui constitue presque un acte inédit de résistance de la part d’un président d’une entreprise nationale, il pointe exactement les dangers des vues uniquement financières et à court termes des politiques de gouvernants actuels :

« Une privatisation éventuelle de Paris Aéroport ne saurait simplement se concevoir dans une logique budgétaire. Elle devrait avant tout poursuivre l'ambition de doter le transport aérien français, dont le groupe Air France-KLM constitue une composante majeure, d'un outil aéroportuaire efficace et de qualité", écrit M. Janaillac dans une tribune publiée dans Le Monde. Selon lui, "en matière d'organisation, il est essentiel de privilégier un schéma dans lequel l'Etat resterait propriétaire des aéroports et en confierait simplement la gestion en concession à une société privée"."Cela permettrait de prémunir les compagnies aériennes contre l'acquisition des terrains, aujourd'hui propriété de Paris Aéroport, par un acteur privé qui pourrait négliger l'essor de l'aéroport au bénéfice d'autres intérêts plus rémunérateurs", "une privatisation ne saurait ainsi se concevoir que dans le cadre de conditions précises, équilibrées et protectrices des intérêts des compagnies aériennes qui évoluent dans un environnement extrêmement concurrentiel".


Encore une fois, il faut être un membre singulièrement fanatique ( bouché, même) de la secte libérale pour ne pas comprendre comment la privatisation d’installations publiques, payées par la puissance publique, bénéficiant d’un monopole de fait (vous la voyez la libre concurrence dans l’ouverture d’aéroports …ou d’autoroutes ?), ayant un impact important sur les activités économiques et l’attractivité d’un territoire, devant réaliser des arbitrages importants entre parties prenantes dans l’intérêt public, bénéficiant d’une rente de situation (par exemple, les terrains) qui résultent d’une mission de service public… ne peut être laissé au libre jeu de la concurrence et des intérêts privés. Point . Et dans le cas des aéroports, cela signifie en effet, comme l’écrit M. Janaillac, que l'Etat reste propriétaire des aéroports.

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mercredi 20 décembre 2017

Accident de Millas- Pepy démission

Millas : l’accident de trop et la conduite indécente de la SNCF

Je ne voulais pas au départ faire ce blog, avec ce titre. Le jeudi 14 décembre 2017, cinq adolescents, dont le plus jeune avait 11 ans, sont morts dans la collision entre un car scolaire et un train régional sur un passage à niveau à Millas (Pyrénées-Orientales). L’accident a fait également dix-neuf blessés graves, dont 6 au pronostic vital engagé - l’un est mort deux jours après. Et vu la violence du choc, l’autocar littéralement coupé en deux par le train, c’est un miracle qu’il n’y en ait pas eu davantage de victimes.

La conductrice du car a affirmé que les barrières du passage à niveau étaient ouvertes lorsqu’elle s’y est engagée ; elle était suivie d’un second car, n’avait jamais connu aucun problème. Il est difficile de ne pas la croire en sa bonne foi. A l’heure actuelle, la vérité n’est pas connue et les témoignages sont contradictoires. Mais en réponse à ceux qui évoquaient son éventuelle responsabilité, la SNCF a publié un communiqué extrêmement brutal qui constitue une véritable intimidation : « La SNCF se déclare choquée par les accusations particulièrement graves qui viennent d’être formulées à son encontre (...) sans aucun élément tangible de preuve » mais dans « un but purement polémique et « cela alors que l’heure est au recueillement et à la solidarité avec les victimes, leurs familles et leurs proches ». 

Et lorsque la SNCF nous apprend qu’une enquête interne est en cours, on a envie de lui répondre : surtout pas ; car enfin, lors de l’accident de Brétigny, il semble que cette enquête interne ait surtout été utilisée pour préparer les témoignages des employés devant la justice de façon à amoindrir la responsabilité de la SNCF. Ce communiqué, le comportement de la SNCF sont totalement indécents. Et voilà pourquoi, tout de même, ce blog

La ligne Perpignan Villefranche : dix passages à niveaux sur quatre kilomètres et des problèmes récurrents de sécurité

Dans ce cas précis, nous ne savons pas ce qui s’est passé mais enfin il parait inconcevable que la conductrice ne soit pas de bonne foi, que dans les conditions de l’accident, elle se soit engagé avec les barrières fermées ou en ayant vu que le passage était fermé. De nombreux témoignages confortent sa position et permettent de mettre en doute l’état de la signalisation : « La maman d'un élève de 5e du collège, qui habite non loin de la voie ferrée, livre un témoignage intéréssant dans l'Indépendant : "On prend régulièrement ce passage à niveau pour aller au collège. Mon mari le prend tous les jours pour aller au travail. Nous habitons non loin de la voie ferrée. Or, cela fait deux jours que le train sonne à longueur de journée quand il passe à cet endroit pour signaler sa présence. On trouvait bizarre que le train sonne si régulièrement et on n'avait pas l'habitude de l'entendre sonner"."Il y a déjà eu des moments où les barrières se sont baissées alors qu'il n'y avait pas de train. Les barrières se ferment presqu'en même temps que le passage du train. Habituellement il y a un délai de trente secondes mais il n'y a pas ces trente secondes. Et ce n'est pas la première fois qu'on le voit ». 
Toujours dans l’Indépendant, ces témoignages multipliés démontrant des problèmes récurrents sur cette voie : Mickaël, livreur pour une société de Saint-Féliu-d’Avall : Les barrières du passage à niveau se sont baissées mais elles se sont arrêtées à moitié. Et les feux qui clignotaient se sont arrêtés. On a eu peur. La dame devant moi est descendue de sa voiture et je lui ai dit : “Je vais me mettre sur la voie et faire le guet pour que vous passiez.” On s’est aidé comme ça à tour de rôle mais on n’a pas traîné pour franchir les rails. Je passe par là deux à trois fois par semaine et je n’ai jamais vu quelque chose comme ça. C’est très grave. J’ai appelé aussitôt le 17 pour signaler à la gendarmerie que le passage à niveau était en panne. Que les voitures pouvaient passer mais qu’on ne savait pas si un train allait arriver. En fait, aucun train n’est arrivé. Les gendarmes m’ont dit qu’ils allaient contacter la SNCF pour les avertir ». De son côté, Nicolas raconte qu’il y a un mois et demi au Soler, « les barrières d’un passage à niveau ne se sont pas relevées après le passage du train. On était une vingtaine de véhicules et on a dû faire du zigzag entre les barrières pour passer ».

Enric Balaguer, président de l'association des usagers de la ligne Perpignan-Villefranche : « Il faut dire que le retard d'investissement sur les lignes ferroviaires secondaires est un problème général … Oui, c'est habituel qu'il y ait des incidents, les problèmes sur les passages à niveau ne sont pas exceptionnels" …"pas plus tard que la semaine dernière, il y eu un problème. Soit les barrières restent fermées, soit elles se lèvent, soit les batteries sont volées. Ce sont des incidents qu'on rencontre souvent et qui font que les trains de cette ligne ont souvent du retard ou sont annulés.

Donc des problèmes récurrents mettant en péril la sécurité, mais aussi ce chiffre incroyable : Sur un linéaire de 4 kilomètres, on ne dénombre pas moins de dix passages à niveaux »

« Il faut dire que le retard d'investissement sur les lignes ferroviaires secondaires est un problème général »

C’est cette phrase du Président de l’association des usagers locaux qui explique la dégradation des conditions de transports publics, avec ses cortèges de retards  et un manque de fiabilité insupportables, des usagers traités comme du bétail, et des accidents auxquels il semble que nous nous habituions de plus en plus-

Avant M. Pepy, combien de PDG de la SNCF auraient été maintenus à leurs postes après de telles séries inédites et même jusque-là inenvisageables de dysfonctionnements et d’accidents mortels ?

Mais il y a aussi que ces accidents mortels et dysfonctionnements sont les conséquences prévisibles et inéluctables de la politique de libéralisation des transports ferroviaires. Oui, évidemment,  libéralisation et investissements sur les lignes secondaires sont contradictoires, et il est ahurissant que les politiques européennes  et nationales de libéralisation ne soient pas radicalement remises en cause comme complètement contradictoires avec l’exigence de service public et d’accès égal au service public. Tout comme il est impensable de voir comment les politiques de libéralisations du rail, après l’échec cuisant de l’Angleterre, et de l’électricité, après celui de la Californie puissent être encore défendues par ceux qu’il faut bien appeler de tenants de la secte libérale, du sectarisme devenu inaccessible à l’épreuve des faits. Nous en sommes tout de même à u point ou SNCF et RATP préfèrent se faire concurrence pour le tramway de Manchester, les métros de Ryad ou de Doha,  ou pire encore, pour les trains de banlieue de Boston,  dont Keolis (SNCF)  est sorti vainqueur contre Transdev (RATP), mais avec un contrat durablement déficitaire !!


De cette folle destruction libérale du service public ferroviaire, M. Pepy a été l’agent extrêmement zèlé. Après les dysfonctionnements multiples de Montparnasse, après Brétigny, la tragedie de Millas est celle de trop. M. Pepy doit assumer ses responsabilités et être démissionné de ses fonctions,  et la politique de libéralisation des transports ferroviaires abandonnée.

dimanche 17 décembre 2017

L’Europe des Droits de l’homme- Inquiétant ?

C’est ici un grand coup de gueule et d’exaspération, qui me conduit à penser qu’il va vraiment falloir sortir de cette Europe-là ; et pour des raisons économiques, et pour des raisons politiques. Nous avons eu l’Europe du charbon et de l’acier, et il n’y a plus beaucoup de charbon, ni d’acier ; l’Europe agricole, qui nous a conduit à la première pénurie de beurre depuis les années 40 ; et l‘Europe dont nous sommes si fiers des droits de l’Homme ????

Condamnations allemandes : l’ancien comptable d’Auschwitz condamné à 96 ans

Il y avait déjà cet  ancien infirmier du camp d'extermination d'Auschwitz, Hubert Zafke, 96 ans, trainé en procès pour crime pour l’humanité. Un coup raté : le procès une fois commencé, des  experts psychiatres ont estimé que le nonagénaire ne pouvait être jugé. "Du fait de sa démence, il n'est plus en état de suivre les audiences, de comprendre la procédure (...) et de se défendre de manière efficace", explique la cour dans un communiqué. Avec regret, la justice allemande a dû abandonner sa proie.

Alors, on a trouvé le comptable d’Auschwitz : Oskar Gröning, 96 ans, qui n’a pas été directement impliqué dans les massacres.  Peu importe que M. Gröning ait combattu publiquement  les négationnistes, réitérant à plusieurs reprises que les chambres à gaz, le processus de sélection, le million et demi de juifs assassinés, tout était vrai ; la justice allemande, qui a sans doute en tant que corps, beaucoup à se faire pardonner, voulait son dernier nazi à condamner. Alors, en 2015, M. Gröning a été condamné à quatre ans de prison pour « complicité » dans le meurtre de 300.000 Juifs.  En 2017, le parquet de Hanovre a déclare, après expertise médicale, Oskar Gröning apte a purger sa peine d’emprisonnement malgré ses 96 ans, décision confirmée en appel en novembre 2017. Il est simplement précisé que ses conditions de détention devront être compatibles avec son état de santé. Lequel n’est pas brillant : « à la différence d’autres anciens nazis jugés récemment, Oskar Gröning coopère avec le tribunal et livre ses souvenirs. Lucide, il est néanmoins extrêmement faible, ce qui oblige les juges à travailler au ralenti : les audiences ne durent pas plus de trois heures, et cinq d’entre elles ont déjà été annulées. Si l’état de santé du prévenu ne lui permettait plus d’assister aux audiences, le procès ne pourrait être mené à son terme, rappelle le tribunal… »

Comment ne pas comprendre que les juges qui rendent ce genre de jugement auraient fait de parfaits juges des tribunaux nazis, et que ceux qui applaudissent à ces jugement au nom des droits de l’homme auraient fait de parfaits membres du parti nazi ? A se demander si l’Allemagne au fond n’est pas toujours aussi nazie, même et surtout quand elle pense ne plus l’être.

Le Tribunal International pour l’ex Yougoslavie- un suicide en plein tribunal

Ca a fait les titres des journaux et de spectaculaires images pour les journaux télés pendant une journée, et après, tout le monde a oublié ; un suicide en plein tribunal, un accusé buvant un flacon de cyanure, le tout filmé en direct, le 29 novembre 2017
Ce tribunal, c’était le tribunal international pour l’ex Yougoslavie. lobodan Praljak, un ancien officier supérieur de l’armée croate, a avalé une fiole de poison juste après l’annonce de sa condamnation à 20 ans de prison. Ses dernières paroles : « Je rejette votre verdict. Praljak n’est pas un criminel ». Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic a estimé  “que le verdict à l’encontre de six Croates était injuste”  et que « Son acte exprime la profonde injustice morale envers ces six Croates et le peuple croate ».  Ilija Cvitanovic, président d'une formation croate bosnienne de centre droit, a estimé : « C'est un verdict politique, pas un verdict de justice ». Un journal croate modéré, Jutarnji List, a commenté : « Praljak a avalé le poison, il ne voulait pas vivre avec le verdict du Tribunal pénal de La Haye à son encontre…Avec son geste désespéré, l’ancien général du HVO [les milices croates en Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995] a protesté d’une manière radicale contre ce qu’il voyait comme la plus grande injustice, à savoir une interprétation en noir et blanc de la guerre [en ex-Yougoslavie], soutenue par les procureurs du TPIY”, explique le quotidien de Zagreb …Praljak s’est investi totalement dans le combat contre une interprétation simpliste de la guerre entre les Croates et les Bosniaques de 1992-1994 [selon laquelle les Croates étaient les agresseurs, et les autres les victimes] et du rôle de la Croatie dans cette guerre… Il n’a pas nié les crimes, il n’a pas eu peur de la prison. Il savait qu’il allait être accusé. Pendant plus de dix ans il rassemblait une documentation énorme sur la guerre [il a écrit 18 livres depuis sa cellule]. Mais la vraie vérité sur la guerre n’intéressait ni Zagreb, ni Sarajevo, ni le Tribunal de la Haye”. Et à Mostar, la population Croate lui a décerné un émouvant hommage : « Il n'était tout simplement pas un criminel de guerre, il défendait son peuple et son foyer ».

C’était la dernière séance, le 29 novembre 2017, la dernière séance du Tribunal International pour l’ex Yougoslavie, qui se termine ainsi comme il a commencé et fonctionné en permanence, dans une certaine abjection. Rappelons par exemple le cas d’Ante Gotovina, un général croate accusé de crimes contre l'humanité sur les Serbes de Croatie, qui dans un premier temps fut condamné à 24 ans de prison, puis  libéré en appel, en novembre 2012 - ce qui ressemblait davantage à une loterie qu’à une justice à vrai dire impossible. Et surtout la libération de Ramush Haradinaj,  un des principaux chefs militaires des albanais du Kosovo qui est libéré car les neuf témoins dont trois protégés par la mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK) qui devaient comparaître contre lui ont été assassinés ou sont morts dans des conditions suspectes. Une autre critique formulée est celle du problème des pressions externes auxquelles ont été soumis les juges ou les témoins. Selon un des anciens procureurs du tribunal Carla Del Ponte, « certains juges du Tribunal pour l'ex-Yougoslavie avaient peur que les Albanais viennent eux-mêmes s'occuper d'eux ».

Rappelons également la mort en détention du dirigeant Serbe plusieurs fois élus président, Milosevic, après que sa santé n’ait pas permis la tenue d’un procès en bonne forme, et que ses demandes de soins en Russie aient été plusieurs fois refusée. Presque un assassinat légal donc, et ceci alors que finalement la Serbie a été jugée non coupable de génocide et qu’il fut reconnu  « qu’il n’y a pas suffisamment de preuves dans ce dossier pour constater que Slobodan Milošević avait donné son accord au plan commun qui visait à expulser définitivement les Musulmans et les Croates de Bosnie du territoire revendiqué par les Serbes ». Déjà au moment du procès, l’hebdomadaire britannique Sunday Times estimait  que « plus de 80 % des déclarations de l’accusation auraient été rejetées par un tribunal britannique comme étant de simples ouï-dire ».

Le suicide en plein tribunal, le 29 novembre 201  de lobodan Praljak ne fait que mettre un tragique point final à une palinodie indigne de justice, à une abjection parée du nom de justice internationale à laquelle l’Europe a fortement contribué. La conclusion factuelle et modérée de la page Wikipedia résume bien l’échec « Le tribunal aura donc échoué dans son objectif principal réconcilier les Serbes, Monténégrins, Croates, Bosniaques et Albanais ».
On peut penser qu’elle est en même temps naïve. Car lorsqu’on veut réconcilier, on ne fait pas des tribunaux, on fait des lois d’amnistie ou de prescription- ce qui a été fait par Mandela en Afrique du Sud, ou, plus récemment avec un succès certain, en Irlande. Le but de ce tribunal était peut-être au contraire de maintenir des fractures ouvertes de façon à justifier le mainrient de certaines organisations comme l’Otan qui ont perdu leur raison d’être. Et pour savoir ce que les Serbes pensent de cette période, allez donc voir le superbe dernier  film de Kusturica, ‎On the Milky Road.

Catalogne – des élections avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil !

Et pour finir, un spectacle inouï que l’on croyait impossible dans notre grande Europe démocratique : des élections « libres » avec les principaux dirigeants d’un des partis en prison ou en exil ! C’est en Catalogne où les élections régionales menées sous l’impulsion de Madrid qui a pris le contrôle des institutions gouvernementales catalanes se dérouleront avec huit ex-ministres régionaux, dont l’ancien vice-président Oriol Junqueras, en prison, et 5 ex-ministres, dont l’ancien président Carles Puigdemont en exil.

 L’Europe, la grande Europe démocratique… n’y trouve rien à redire, et le ministre belge Theo Francken, qui  avait indiqué sur Twitter que la Belgique devait proposer l'exil politique au gouvernement catalan destitué s’est vite fait recadrer. Quoi que l’on pense de la situation, l’Europe y a pourtant sa part de responsabilité, elle  qui n’a  cessé de vouloir affaiblir les Etats en encourageant les grandes régions à davantage d’autonomie, en finançant des représentations, des organisations culturelles et politiques autonomistes,  des ambassades des régions. Mais voilà, les indépendantistes catalans ne sont décidément plus en odeur de sainteté depuis que Madrid obéit très bien aux injonctions européennes.

Encore une fois, quoique l’on pense de la situation, on voit bien que le calme, la détermination, une ferveur joyeuse sont du côté des nationalistes catalans, tandis que la violence, la répression, les arguments de la peur sur les conséquences économiques de l’indépendance sont de l’autre côté. Mais la Grande Europe des Droits de l’Homme ne veut rien voir, et surtout pas une campagne « démocratique » à la Poutine dans laquelle les principaux partisans de la République Catalane sont en prison ou en exil.

Et en France ?

Nous voyons la principale opposante et son parti poursuivis pour des affaires d'utilisation contestée des assistants européens ( qui ne concernent que le Front National ?), son parti et elle-même interdits de comptes bancaires par leurs banques habituelles ( ce qui ne facilite pas les adhésions), et elle-même (Marine Le Pen) et un député (Gilbert Collard) poursuivis pour ce qui est finalement un délit d'expression - le tweet d'une exécution de Daech ou Al Qaïda en réponse à un journaliste ayant affirmé que le Front National et Daech, c'était la même chose)

Décidément, la secte libérale a de plus en plus de mal à tolérer toute opposition

Même l'Europe des Droits de l'Homme, l'Europe démocratique est dans un état inquiétant ....

Merial, un autre fleuron français en péril

Merial- une longue histoire au service de la santé animale-Charles Mérieux

Merial est un leader mondial en santé animale proposant une gamme complète de médicaments vétérinaires et de vaccins destinés à un grand nombre d’espèces animales. Son plus grand succès commercial est l'anti-parasitaire Frontline, anti-puces pour les animaux de compagnie, également Negard.  

Mais la grande histoire de Merial est lié à Pasteur, à Charles Mérieux et aux vaccins. L’histoire de Merial commence avec Charles Mérieux (1907-2001) – un homme extraordinaire héritier de Pasteur- il fut d’ailleurs après un parcours compliqué formé à l’Institut Pasteur en immunologie.  Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est chargé de fabriquer du sérum antitétanique pour l'armée. De par les circonstances, il exerce en plus de cela une activité clandestine et bénévole avec la Résistance en fabriquant du sérum de bœuf, autrement dit du jus de viande, dans le but de nourrir les enfants de Lyon sous-alimentés. Durant cette période, un million de doses sont distribuées chaque année. Charles Mérieux a la vision très claire que en matière de vaccins, santé animale et santé humaine marchent de conserve. Aujourd’hui Merial travaille  sur 300 formulations différentes de vaccins et 1200 présentations destinées à plus de 120 pays et reste  à la pointe de la recherche mondiale  en ce domaine avec la production d’une nouvelle génération de vaccins à partir d’une nouvelle technologie : les vaccins préparés à partir du vecteur viral canarypox. Ces vaccins permettent de stimuler les réponses immunitaires de l’animal d’une manière plus efficace, plus naturelle et plus sûre qu’avec les vaccins dits conventionnels. C’est le cas avec Eurifel FeLV, un vaccin contre la leucémie féline, ou encore avec ProteqFlu, un vaccin destiné à la prévention de la grippe équine.

Reprise par Boehringer Ingelheim et menaces de délocalisation : un désastre social (CFE/CGC)

Ces activités vétérinaires se sont déroulées  dans la cadre de de Rhône Mérieux, (1983),  issu de la fusion des activités vétérinaires du groupe Rhône-Poulenc, Institut Mérieux, Institut de Sérothérapie de Toulouse, Specia et Laboratoire Roger Bellon. Puis est venu, en août 1997, Merial, fusion de Rhône Mérieux et de MSD AgVet, numéro 1 mondial de la santé animale et filiale de Merck & Co En septembre 2009, Merial devient filiale à 100 % de Sanofi-Aventis, à la suite du retrait de Merck & Co- – une belle affaire ! Malheureusement, Sanofi, dirigé par Olivier Brandicourt décidait en 2015 de se séparer de Merial qu’il jugeait pas assez riche en synergies avec Sanofi (tiens le contraire du grand industriel fondateur qu’était Charles Mérieux…). Le 15 décembre 2015, Sanofi et Boehringer-Ingelheim annonçaient un échange d'actifs : Sanofi troquait sa division santé animale Mérial contre l'activité de médicaments sans ordonnance de Boehringer-Ingelheim.
Boehringer annonçait alors : « Nous avions indiqué que le siège mondial de l'ex Mérial serait transféré en Allemagne, mais que Lyon resterait un centre opérationnel clé ». Il y avait qu’à croire. Pourtant le transfert du siège mondial aurait dû alerter.

Moins d’un an après cette reprise, Le groupe Boehringer Ingelheim, annonce qu'il délocalisera environ 200 postes de Lyon vers plusieurs sites à l'étranger. La CFE CGC, qui n’est pas un syndicat boute feu, parle d’un « désastre social » et, dans une lettre aux élus locaux, dont le Maire de Lyon, avertit : « Au-delà du désastre social, cela constituerait de facto la disparition irrémédiable de l’expertise régionale et nationale en matière de stratégie, leadership, marketing, études de marché, services techniques et affaires réglementaires dédiés à la médecine et à la pharmacie vétérinaire. »…
« En tant que ex-salariés de Merial et maintenant salariés de BIAH, nous voulons conserver à Lyon une structure d’entreprise cohérente, pour non seulement perdurer avec un impact économique significatif, mais aussi pour continuer de jouer un rôle important dans l’innovation locale et le développement du territoire au travers du pôle d’excellence européen de biologie, le Biopôle. La suppression de plus de 200 postes décisionnels et à haute technicité, risque aussi de constituer le début d’une saignée difficile à stopper dès lors qu’une certaine masse stratégique critique ne serait plus atteinte localement. »La CFE-CGC demande donc la prolongation de la garantie du maintien des postes en France au-delà de 2019 , une logique réelle et justifiée pour chaque fonction et poste délocalisé, des mesures d’accompagnement adaptées pour les salariés impactés ; l’équité de traitement des salariés concernés.

Merial emploie 6 900 personnes et est présent dans plus de 150 pays à travers le monde. Son chiffre d’affaires en 2015 était de 2,5 milliards d'euros, compte toujours 2 000 de ses 6 600 salariés en France. dispose de huit sites – sur ses dix-huit – dans l’Hexagone, dont un centre de recherche à Saint-Vulbas (dans l'Ain) et trois en région lyonnaise, avec le site historique de Gerland, la grande usine de Saint-Priest, et l’usine de Lentilly pour le packaging secondaire.

On a du mal à croire que Gérard Collomb se désintéresse de ce dossier, qui met en cause une des grandes spécialisation de la région lyonnaise,  on a du mal à croire qu’après la disparition de ce fleuron de la rechercher dermatologique qu’était Galderma, le gouvernement reste indifférent au menaces qui pèsent sur ce fleuron de la santé animale qu’était Mérial. Mais il est vrai que pour les tenants de la secte libérale, il est indifférent que le siège social et les centres de recherches d’une société se situent dans un pays plutôt que dans un autre, pourvu que la libre concurrence soit respectée. Eh bien, c’est tout simplement faux, et beaucoup de pays ne jouent pas ce jeu-là. Avec la disparition ou la délocalisation des centres de recherche, c’est tout un savoir-faire, un savoir scientifique, technique industriel qui disparait.  Combien faudra-t-il  encore de désastres, combien de fleurons historiques et industriels français devront encore disparaître avant que la secte libérale le comprenne !


Et au fait, à quoi sert le tout nouveau délégué interministériel aux restructurations industrielles, M. Jean-Pierre Floris ? Le fait qu’il n’ait pas pu empêcher le démantèlement de Verallia (lui aussi un champion international de l’embouteillage issu de Saint Gobain) et la perte de sa filiale américaine l’ara peut être sensibilisé au problème…

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