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mercredi 27 septembre 2017

Sauver le Musée des Tissus de Lyon

La grande histoire du Musée des Tissus
J’étais à Lyon pour un congrès et disposais d’une fin d’après-midi libre avant mon retour. Recherchant sur une base purement de proximité de la gare une visite possible, je choisis le Musée des Tissus- sans trop savoir à quoi m’attendre Aidé de Google map, je découvris assez facilement un charmant hôtel particulier, l’Hotel de Villeroy, construit au début des années 1730 par Claude Bertaud de la Vaure, , et qui fut durant tout le XVIIIème la résidence des gouverneurs de Lyon. Dans ce cadre magnifique, se situe l(une des plus vastes et des plus anciennes collections consacrée aux tissus, magnifiquement exposée. Et j’eus en plus la chance de bénéficier d’une visite commentée par le Conservateur qui accueillait ce jour là un groupe d’experts japonais des tissus anciens – ce fut passionnant et mémorable
Ce n’est qu’en 1950  que le Musée des Tissus s’est installé à l’Hotel de Villeroy- il résidait auparavant au Palais du Commerce d’où il fut évacué pour en protéger les collections en 1939. L’idée et la première réalisation datent de la fin de la révolution et des débuts de l »Empire, où Napoléon et son ministre de l’Intérieur, le chimiste Chaptal, veulent relever dans tout le pays les fabriques ruinées par la Révolution et relancer une idustrie française de prestige. Camille Pernon lui-même, célèbre marchand-fabricant d’étoffes, fournisseur des cours d’Europe, du Premier Consul puis de l’Empereur, soutient cette idée au début du XIXe siècle.
En 1806 et en 1814, sur l’ordre du ministre de l’Intérieur, le Préfet du Rhône presse la Chambre de Commerce et d’Industrie de recueillir des échantillons des produits de l’industrie exécutés dans le département. La Chambre demande par ailleurs, le 2 juillet 1829, au ministre du Commerce et des Manufactures d’établir à Lyon une collection d’étoffes de soie, de coton, de laine et de châles provenant des manufactures étrangères. La Chambre réalise elle-même ce vœu en 1834 et en 1846 en organisant des expositions de soieries étrangères. Celle de 1846 montrait le matériel exceptionnel collecté en Chine par la première mission commerciale (1843-1846), et les pièces les plus exceptionnelles furent acquises par la Chambre.
En août 1848, elle faisait aussi l’achat de dessins et d’étoffes provenant de l’ancienne maison Dutillieu, conduite à la liquidation, puis, en 1850, du petit « musée de fabrique » d’Auguste Gautier. Avec l’exposition Universelle de Londres de 1850 comme déclencheur ( les soyeux lyonnais comprirent l’intérêt de mieux faire connaitre et mettre en valeur leur activité),  il revint au Second Empire de parachever l’idée du Premier et de créer en 1856 un Musée d’Art et d’Industrie, dont l’objet était trop vaste et qui se spécialisera heureusement dans les tissus en  devenant en1891, le musée historique des Tissus de Lyon.
Une collection unique en Péril
Au fil des ans et de l’évolution du projet primitif la collection s’est considérablement agrandie à partir d’un fonds remarquable constitué par les archives d’anciennes maisons, les chefs-d’œuvre anciens collectés par les industriels eux-mêmes ou les pièces les plus intéressantes de la production étrangère. La Chambre de Commerce acquiert en 1862 la totalité de la collection constituée par le dessinateur de fabrique Jules Reybaud, qui comprend des centaines de textiles anciens et modernes, des milliers de documents graphiques européens ou extrême-orientaux et de nombreux dessins de fabrique. En 1875, elle entre en possession d’une partie de la collection de textiles médiévaux du chanoine Franz Bock. Les dons des fabricants viennent compléter, au gré des Expositions universelles, les fonds déjà constitués. En 1889, par exemple, la soierie lyonnaise a été particulièrement saluée par le jury de l’Exposition de Paris. Les principales maisons offrent au musée les laizes les plus remarquables produites à cette occasion. Emile Guimet convainc la Chambre de financer les fouilles menées par Albert Gayet sur le site mythique d’Antinoé, en Moyenne Égypte, et dès 1898-1899, la plus importante collection de textiles de la fin de l’Antiquité, provenant des nécropoles de cette ville, rejoint le musée. Les acquisitions sont constantes et intelligentes ; ainsi en 1999, des archives de la maison Bianchini-Férier, témoignant notamment de la collaboration de la maison avec l’artiste Raoul Dufy rejoignent le Musée.
Aujourd’hui riche d’une collection de près de deux millions cinq cent mille œuvres, le fonds du musée des Tissus est une référence mondiale pour la conservation, l’étude et la connaissance du textile. Le Musée des tissus retrace 4.500 ans d'histoire du textile, de la tunique en lin datant de 2.150 avant notre ère aux derniers tissus composites utilisés dans l'aéronautique, en passant par de multiples soieries précieuses. Parmi les chefs d’œuvre, cette toile de lin représentant la déesse Isis et la tenture aux poissons  ( Egypte, époque Ptolémaïque), les Plaisirs du roy Henry médaillon du Combat de l'ours, commanés par Diane de Poitiers pour son amant royal, des robes de Cour masculines de la dynastie Qing…
Mais voilà, si rien n’est fait, ce musée va disparaître ! Depuis 2014, la CCI, qui en est propriétaire affirme qu’elle ne peut plus financer son déveoppement. Et depuis 2014, le Musée survit dans un état précaire, avec la ville de Lyon la Région et l’Etat qui se refilent indignement la patate chaude et se défilent, promettant un financement si l’autre en apporte un. La situation a fini par susciter la colère d’un grand lyonnais habituellement assez flegmatique, Bernard Pivot : « Fermer le Musée des tissus, ce serait un crime culturel… Lyon est la capitale de la soie. Ça paraît invraisemblable, absolument dingue, que ce musée, qui fait partie du patrimoine lyonnais et recèle tant de merveilles, soit fermé. Et fermé par des Lyonnais"

Er que fait Gérard Collomb, qui a peu glorieusement laissé se dégrader la situation ? Nos modernes libéraux ne sont même pas capables de protéger, ni même sans doute d’apprécier l’activité, le patrimoine industriel, la culture de leurs ancêtres marchands soyeux lyonnais.



dimanche 24 septembre 2017

Ordonnances Macron et licenciements

Ce qui change :

La motivation du licenciement après la notification du licenciement : dorénavant, l’employeur pourra préciser ou compléter les motifs de licenciement après la notification du licenciement. Ces précisions pourront être apportées, soit à la propre initiative de l’employeur, soit à la demande du salarié.
Du fait de cette nouvelle règle, les limites du litige ne seraient plus fixées par la seule lettre de licenciement, mais par la lettre et les précisions ultérieures apportées par l’employeur.
Si le salarié ne demande pas à l’employeur de préciser ou compléter les motifs énoncés dans la lettre de licenciement, l’irrégularité que constitue une insuffisance de motivation de la lettre de licenciement ne prive pas, à elle seule, le licenciement de cause réelle et sérieuse. L’insuffisance de motivation ouvre droit à une indemnité qui ne peut excéder un mois de salaire.

Cette ordonnance revient donc sur les règles actuelles qui considèrent comme sans cause réelle et sérieuse un licenciement insuffisamment justifié.

En cas d’irrégularités de formes :  L’ordonnance encadre également les réparations dans le cas d’irrégularités de formes au cours de la procédure de licenciement.
Ces irrégularités donneraient droit à une indemnité qui ne pourra être supérieure à 1 mois de salaire.
L’ordonnance liste "notamment" l’absence d’observation des obligations relatives à la convocation à l’entretien préalable et au déroulement de celui-ci, mais aussi l’absence d’observation de la "procédure conventionnelle de consultation préalable au licenciement".
 La sécurisation de la rupture envisagée est importante car la jurisprudence actuelle considère que ces irrégularités de procédure sont susceptibles de faire perdre au licenciement sa cause réelle et sérieuse.

Autrement dit, si votre patron vous licencie par un simple mel, sans vous entendre ou vous expliquer quoi que ce soit, cela ne lui coutera qu’un mois de salaire et ne remettra pas en cause « le caractère réel et sérieux » de la cause de licenciement.
Génial, ça c’est du progrès !

La nullite du licenciement en cas de pluralite de motifs : L’ordonnance prévoit que si un salarié est licencié pour plusieurs motifs dont l’un viole un droit ou une liberté fondamentale, le juge pourra examiner les autres motifs du licenciement pour atténuer l ’indemnisation accordée au salarié.
Cette disposition vient s’opposer à une jurisprudence établie selon laquelle le caractère illicite du licenciement prononcé, même en partie, en violation d’une liberté fondamentale, entraîne la nullité du licenciement, sans qu’il y ait "lieu d’examiner les autres griefs invoqués par l’employeur pour vérifier l’existence d’une cause réelle et sérieuse de licenciement" (Cass. soc., 3 février 2016).

Autrement dit, il devient tout à fait possible à un patron d’affirmer ouvertement qu’il vous licencie pour votre activité syndicale, du moment qu’il existe une autre cause réelle et sérieuse. Cette possibilité d’afficher ouvertement un motif qui viole une moi ou une liberté fondamentale est profondément choquante et exorbitante ; et l’on voit trop bien comment elle peut être détournée pour faire pression sur les syndicats.

Le délai de contestation du licenciement : L’ordonnance aligne sur la durée la plus courte (un an) le délai de contestation de la rupture du contrat de travail.

Le plafonnement des indemnités prud’homales : Le gouvernement entend imposer au juge prud’homal un référentiel obligatoire pour la fixation du montant de l’indemnité de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Il est toutefois prévu des exceptions à ce barème. Ce dernier n’est pas applicable lorsque le juge constate que le licenciement est nul en application d’une disposition législative ou lorsqu’il est intervenu en violation d’une liberté fondamentale (harcèlement, discrimination. Dans ce cas, l’indemnité versée ne peut être inférieure à 6 mois de salaire.
Ce barème maximal est égal jusqu’à 10 ans de présence à 1 mois d’indemnité par année de présence et ensuite inférieur (par exemple, 15,5 mois pour 20 ans d’ancienneté…)
Et encore s’agit-il là des grandes entreprises ; pour les entreprises de moins de 11 salariés, le barème minimal est beaucoup plus défavorable au salarié : 0,5 mois jusqu’à deux ans, 1 mois jusqu’à 4 ans, 1.5 mois jusqu’à 6 ans, 2,5 mois jusqu’à 10 ans.
Encore une fois, il y a là quelque chose de profondément choquant et exorbitant : en cas de licenciement, rappelons-le,  sans cause réelle et sérieuse, donc illégal, l’employeur sait exactement ce que cela lui coûtera, et ce n‘est pas très cher payé, inférieur au risque encouru dans le système précédent lorsque l’employeur est de mauvaise foi.

Les nouvelles dispositions des ordonnances Macron concernant les licenciements constituent donc une fragilisation extraordinaire du contrat de travail et un recul social sans précédent.
M. Macron a-t-il vraiment été élu pour appliquer ce programme ? Est-il légitime pour le faire ? La rue, comme il le dit avec mépris, ne posséderait aucune légitimité pour s ‘opposer à ce recul légal sans précédent ?

En 1830, la monarchie légitimiste de Charles X prit des ordonnances limitant les libertés publiques qui furent vite qualifiées de scélérates. Ces ordonnances scélérates conduisirent aux « trois glorieuses » et  à la fin de la monarchie légitimiste. La rue, parfois, sait se faire entendre.


samedi 23 septembre 2017

Galderma : la fin d’un fleuron français

La fin de Galderma : 450 emplois supprimés dans la recherche à Sophia Antipolis

L’un des buts affichés des ordonnances Macron est de simplifier les licenciements, surtout pour les firmes étrangères, qui hésiteraient prétendument  à s’installer en France faute de pouvoir en repartir rapidement …une fois consommées les aides dont elles ont pu profiter.
Eh bien, bienvenue dans le nouveau monde : Nestlé vient d’annoncer  son intention de supprimer jusqu'à 450 des 550 emplois dans le centre de recherche de Galderma  situé à Sophia Antipolis – ce qui signifie l’éradication de la recherche dermatologique en France_ une centaine de salariés pourraient être reclassés dans un "nouveau centre de compétences" qui, cependant, "ne devrait pas être implanté à Sophia".
Mais on est heureux de savoir, selon le porte-parole de Nestlé que  « l 'hexagone reste un territoire et marché-clé pour Galderma, étant la plate-forme des opérations commerciales pour l'Europe du Sud ». Supprimons les chercheurs et les emplois, gardons les marchés !

Après Galderma, l’Oréal ?

C’était pourtant une belle histoire que celle de Galderma, dont l’origine est liée à cet autre fleuron français, L’Oréal. L’Oréal est un champion de la cosmétique, c’est –à-dire des produits  ou procédés en vue de nettoyer, protéger, parfumer, maintenir en bon état, de modifier leur aspect ou modifier  l'odeur des parties superficielles du corps humain (peu, cheveux, ongles, muqueuse buccale.. .).Un cosmétique n’a pas d’action thérapeutique et n’est donc pas soumis à la réglementation sur les médicaments (études cliniques, opérations de mise sur le marché). La dermatologie ne concerne également que les parties superficielles du corps, mais a pour but de soigner et doit donc se soumettre à la réglementation du médicament. Les produits développés par Galderma soignent par exemple l’acné, la rosacée, le psoriasis et les dermatoses corticosensibles, l’onychomycose, les désordres pigmentaires, les douleurs… (Différine, Rozex/MetroGel, Oracea, Locéryl).
L'origine de Galderma est la création en 1979 à Sophia-Antipolis du CIRD (Centre International de Recherche Dermatologique) par le Professeur Hans Schaefer sous l'impulsion du dirigeant de L'Oréal de l'époque François Dalle. Il s’agissait pour l’Oréal d’une valorisation  et d’une diversification possible de sa recherche cosmétique dans le domaine plus lourd et difficile des médicaments.

Ce fut un immense succès. Galderma proprement dit, en tant que compagnie,  a été créé en 1981 par L'Oréal et Nestlé. La société  réalise 978 millions d'euros de chiffre d'affaires, à 50 % aux États-Unis et emploie plus de 5.000 personnes dans une trentaine de pays.
Et elle possédait depuis 2006 le plus grand centre de R et D mondial en dermatologie, à Sophia-Antipolis.
En 2014, Nestlé a acquis les 50% du capital détenu par L'Oréal et est devenu l'unique actionnaire de Galderma. On voit maintenant ce qu’il en fait !
Alors,  on peut s’inquiéter légitimement et fortement de l‘avenir de l’Oréal après la disparition de Mme Bettencourt, si Nestlé devait devenir majoritaire, comme le fait craindre l’absence d’intérêt du couple Meyer pour l’Oréal

La politique destructrice de la secte libérale

Les mesures prises par Nestlé correspondent-elles à un projet stratégique – on parle d’une orientation accrue vers les produits biologiques ? En quoi cela justifierait-il la destruction complète d’un centre plutôt que sa reconversion ?  Mais le pire est que  la motivation première semble venir de l‘entrée dans le capital de Nestlé d’un activiste boursier américain, Daniel Loeb, détenteur de 1% du capital, qui ne cesse de réclamer un changement de stratégie au profit d'une meilleure rémunération des actionnaires – c 'est le troisième plan de restructuration chez Nestlé  depuis son entrée et il semble que le géant suisse soit ainsi contraint à des opérations qu’il ne souhaitait pas forcément. Galderma et le plus grand centre mondial de recherche en dermatologie ont été sacrifiés pour un licenciement boursier !

Face à un tel dégât - une firme française championne mondiale de la dermatologie et le plus grand centre mondial de recherche en dermatologie rayés de la carte-, on a du mal à comprendre pourquoi la priorité des priorités seraient de faciliter les licenciements pour les firmes étrangères – prétendument les ordonnances Macron sont nécessaires pour encourager les firmes étrangères à investir.

Il faut vraiment avoir l’esprit embrumé des adeptes les plus fanatiques de la secte libérales et croire à un monde libéral bisounours (mais où règnerait la compétition perpétuelle et acharnée) pour ainsi arriver à un déni de réalité aussi flagrant ; que la facilitation, quelle que soit la situation réelle- des licenciements ne peut mener qu’au pillage et à la braderie du patrimoine intellectuel français ; que la recherche est une activité stratégique dont la régulation ne peut être laissée au seul marché, et surtout aux spéculateurs financiers ; et que les décisions des firmes sont indépendantes de la nationalité de leurs dirigeants et de la localisation de leur siège.

Galderma, ses chercheurs, ses travailleurs,  payent au prix fort ce qu’il faut bien appeler l’imbécillité de la secte libérale et les ordonnances scélérates de M. Macron. Et beaucoup d’autres victimes sont à craindre. 


jeudi 21 septembre 2017

Les margoulins des éoliennes

Les partisans des éoliennes  seraient du côté de la modernité, de l’écologie, du bien, des défenseurs du climat. Des moulins partout, tel est leur credo.  Se retrouvent catalogués au rang des «anciens» (voire des obscurantistes…), les défenseurs du nucléaire, ceux des paysages et des monuments historiques, ceux qui refusent les nuisances bien réelles des éoliennes, bruit et effet stroboscopique… Je reviendrais  sur l’immense ignorance, stupidité ou tromperie de ceux qui pensent qu’on peut équilibrer le réseau électrique français avec des éoliennes et du solaire.  Mais déjà un article très intéressant de Marianne du 25 août 2017 permet de mettre en évidence comment, comme pour la TVA carbone, l’énergie éolienne est devenue un terrain de jeu très rémunérateur pour un certain nombre de margoulins. Règles du jeu :

L’Etat et les consommateurs rackettés : Les investissements dans l’éolien sont artificiellement rentabilisés par l’obligation d’EDF d’ acheter l’électricité au double du prix de l’électricité nucléaire ou hydraulique. C’est le contribuable et consommateur qui est racketté deux fois, par ses impôts et par la facture EDF. Au profit des matrgoulins

Des sociétés opaques, voire des escroqueries : Des sociétés comme Opale et Velocita, citées par Marianne, promettent 5 à 7% de rendement par an, pour des emprunts rémunérés. Y’a qu’à croire, et, au moins en ce qui concerne la société FSB holding et sa filiale France Energie Finance, il s’agissait d’une véritable escroquerie pyramidale de type Ponzi avec évaporation des fonds non au vent des éoliennes mais vers des paradis fiscaux- la société a été mise en liquidation par la justice et les investisseurs ne reverront pas leur argent. Même lorsque ce n’est pas le cas, il faut savoir que les organismes emprunteurs ne sont pas des banques et n’offrent aucune des garanties bancaires usuelles. Comment des sociétés comme Velocita, au montage particulièrement opaque et dont les sociétés françaises présentent des pertes significatives (529.000 euros pour   millions de chiffre d’affaire pour Velocita Energies Service) peuvent-elles prétendre servir des intérêts de 5à7% par ans. Il n’y a qu’à croire ….

La chasse aux élus locaux intéressés : Il est très facile de trouver des élus locaux d’autant plus intéressés que les terrains à céder aux éoliennes leur appartiennent et qu’ils auront les profits, tandis que les nuisances seront pour les communes voisines. D’où la multiplication des conflits clochemerlesques, qui seraient drôles si l‘on ne parlait pas de vies gâchées  Voire l’inénarrable maire de Clerval ( Doubs) : «  la Tour Eiffel défigure aussi le champs de Mars, ici l’Etat c’est moi…) alors que c’est le village voisin d’Anteuil qui n’en peut plus de subir les nuisances et voient même ses rares usines partir. Ajoutons au moins 11 élus condamnés pour prise illégale d’intérêt en laison avec Velocita ou Volkswind. Et un projet qui a tout de même fait tiquer la protection du Patrimoine en pleine vue et proximité des magnifiques  salines d’Arc et Senans

Et pour le comble :

Une protection environnementale ancienne et délibérément laxiste : L’Académie de Médecine préconise une distance minimale de 10 fois la hauteur du mât entre l’éolienne et les habitations proches (soit 1500 mètres pour les éoliennes classiques actuelles ) pour préserver les habitants du syndrome éolien qui rend tout simplement la vie impossible. C’est également une norme européenne, mais qui n’est pas respectée en France où une norme plus ancienne et inadaptée aux éoliennes récentes plus importantes autorise à les implanter à 500 m des habitations. C’est tout simplement intenable !
Lorsqu’un tel système de margoulinage étendu se met en place, lorsque, pour le seul profit d’escrocs, des vies sont ainsi gâchées par le bruit, l’effet stroboscopique, la vie gâchée, la révolte est légitime. Faudra-t-il en venir à ce mot d’ordre que certains ont adopté en Corse : une éolienne, un pain de plastique…

 Signalons l’action de l‘association Europa Nostra :

« Dans de nombreux pays une importance démesurée a été accordée à l'éolien, sur terre comme en mer. Les gouvernements ont octroyé des subventions généreuses visant le développement de l'éolien ; ils ont relâché les mesures d'aménagement du territoire, et omis d'effectuer une analyse équilibrée de ses avantages et inconvénients. A travers l'Europe de vastes étendues de paysages splendides sont aujourd'hui dominées par des groupes d'éoliennes de taille toujours croissante, dont chacune en soi représente une petite centrale électrique. Le paysage est ainsi industrialisé et notre patrimoine naturel fortement endommagé…
 Dans de nombreux pays européens il apparaît que l'impact social, économique, touristique, historique, ainsi que sur la faune et sur le paysage est insuffisamment pris en compte dans le processus décisionnel relatif à l'éolien….

Le processus décisionnel des autorités publiques lié à la construction d'éoliennes et de groupes d'éoliennes devrait inclure la consultation de toutes les parties concernées et devrait être fondé sur la compréhension du caractère et des valeurs du paysage local, et pour tout projet, tenir compte des considérations suivantes :  l' impact sur la communauté locale, les résultats d'une analyse précise et objective de la réduction d'émission de gaz a effet de serre par l'éolien comme le prétendent les promoteurs, l'impact visuel sur la qualité du paysage local, en tenant compte du fait que les éoliennes modernes attirent de plus en plus l'attention en raison de leur grande taille (déjà au delà de 100 m et toujours croissante), et de leur emplacement sur des sites exposés et visibles ;   les dommages supplémentaires faits aux paysages, aux habitats vulnérables, aux cours d'eau et à d'autres facteurs environnementaux, survenant lors de la phase de construction, y compris la construction de voies d'accès, l'élargissement des réseaux d'électricité, l'augmentation du nombre de pylônes et de générateurs servant à la transformation et au transport de l'électricité. "




lundi 18 septembre 2017

Le jacobinisme, de nos jours

Les deux Jacobinismes : France insoumise, France en marche

Fin des vacances, fin des devoirs de vacances. Vous trouverez sur ce site ce à quoi je m’étais engagé, les « bonnes feuilles » de l’histoire de la France Contemporaine, d’Hyppolite Taine-  soit quand même 108 blogs concernant l’Ancien Régime, la Révolution- l’Anarchie, la Conquête Jacobine- j’ai laissé de côté le Régime Moderne, qui vaut bien le reste, mais dépasse le cadre que je m’étais fixé, celui de Taine comme le premier analyste, bien que le nom ne soit jamais prononcé, du totalitarisme, de ce premier phénomène totalitaire qu’a été le jacobinisme, des circonstances qui le font naître et le favorisent, de son idéologie, de ses méthodes d’action, de l’élimination de tous les corps intermédiaires,  de la psychologie de ses militants, des sentiments qu’il mobilise et détourne, dont celui de la démocratie…. Pour mémoire, ce devoir de vacances, je me l’étais donné après la lecture de l’ouvrage de Michel Onfray,  Décoloniser les Provinces, l’un des plus intéressants et les plus politiques parmi les derniers ouvrages de M. Onfray plaidoyer anti-jacobin pour le girondisme, le communalisme libertaire, le pouvoir de parlements régionaux, l’autogestion, l’autorité consentie… Donc, au cas où ça ne serait pas clair , si je vous ai mis en appétit, lisez Taine et Onfray.
De fait, je crois qu’ Onfray a touché ici un point important de notre histoire et de notre avenir, qui s’annonce bien sombre tant que nous resterons coincés entre deux jacobinismes. L’un est assez identifiable, celui de la France insoumise, avec son éloge de Robespierre, du pouvoir de la rue contre les corps constitués, son centralisme démocratique au profit d’un leader, son contrôle permanent des élus par des comités révolutionnaires, son culte de l’égalité au détriment des libertés qu’on méprise en les appelant formelles. Il est tellement reconnaissable, l’histoire nous a tellement montré dans quels massacres il s’achevait (au besoin, relisez Taine !) qu’il est probablement peu dangereux, sauf s’il parvient à s’imposer comme ma seule alternative à l’autre jacobinisme, plus insidieux, celui de la secte libérale,  la France en marche.
Il existe  un contresens total à faire disparaître, qui voudrait que jacobinisme et libéralisme soient antagonistes. Les Jacobins sont philosophiquement des libéraux, des hommes de la doctrine du contrat, hostiles à tout corps intermédiaires, à toute régulation économique, ou professionnelle (qu’on supprime les diplômes de docteur en médecine ou d’enseignant, le peuple se déterminant librement saura bien  reconnaitra les bons médecins et les bons professeurs. Que leur pratique, en raison d’un état de crise largement suscité par leur propre politique, ait  été différente ne change rien au principe, et, au contraire, montre bien la complicité profonde et nécessaire des deux jacobinismes.

Le jacobinisme de la secte libérale

Venons-en au jacobinisme, le moins évident, celui de la secte libérale, de Macron et de ses marcheurs, et pour cela, Taine est un guide utile, qui permet de pointer les caractères profondément jacobins des macroniens :

Le culte de l’Etat et le refus des corps intermédiaires : « Au nom de la raison que l’État seul représente et interprète » (et ici, la raison, la doctrine, c’est celle de la secte libérale), on chamboulera toute la société, avec le mépris le plus profond pour son histoire, un fatras irrationnel de droits, non pas acquis, mais conquis.
« Pas de corps organisés qui ferait concurrence à l’Etat , C’est pourquoi, si l’on veut que les hommes restent égaux et deviennent citoyens, il faut leur ôter tout centre de ralliement qui ferait concurrence à l’État ». Voire comment Macron considère les syndicats.

Le refus de la délibération (que de temps perdu pour ceux qui ont la foi libérale !) : Taine le rappelle , la démocratie c’est d’abord la possibilité de délibérer, et c’est un marqueur de l’esprit totalitaire que de chercher à empêcher la délibération. « Nos délégués ne sont là que pour exécuter nos ordres ». On reconnaitra ici la gestion du Parlement par les ordonnances et le gestion des parlementaires godillots du groupe Macron.

L’idéologie (ici libérale) au mépris des faits : croire que « la société humaine n’existe pas et que le législateur  est chargés de la faire ». Taine : « les systèmes politiques puisés dans un livre ne sont bons qu’à être reversés dans un autre livre »

Disqualification de l’adversaire comme ennemi de la société. « Le parti (ici libéral) a pour lui la théorie régnante, et seul il est décidé à l’appliquer jusqu’au bout » (Taine). Il est donc seul conséquent. S’opposer à lui est contraire à la saine raison et à l’intérêt de la société dans son ensemble. Irréfutable ! de là, la dénonciation des fainéants, les cyniques, les extrêmes.

Le jusqu’au boutisme : le rejet des réformes limitées, des transformations graduelles. Taine :  « Selon eux, leur droit et leur devoir sont de refaire la société de fond en comble. Ainsi l’ordonne la raison pure » qui a découvert les lois du contrat.

L’organisation sectaire : Les Marcheurs constituent une élite qui a le monopole de la compréhension de l’histoire :  Taine :  par la communauté du but, ils sont une faction ; par la communauté du dogme, ils sont une secte, et leur ligue se noue d’autant plus aisément qu’ils sont à la fois une secte et une faction. Qui n’a été frappé par le caractère sectaire des meetings de Macron et de son ton si proche de celui des télévangélistes américains.

La démagogie égalitaire et l’uberisation : C’est peut-être l’aspect le moins connu du jacobinisme, le mépris des qualifications et des diplômes : que les médecins, les instituteurs, les hommes de loi puissent s’installer librement, sans garantie de diplôme, le peuple ( le consommateur) saura bien reconnaître les bons et choisira librement ! Et c’est ainsi que Marat fut un grand médecin…

Bref, le Jacobinisme, version libérale Macron ou robespierriste est dangereux, et doit être combattu. Lisez Onfray et Taine !



Le salarié du futur

Les mauvais contrats de travail chassent les bons

 Ces gens de la secte libérale, de qui se moquent-ils ? Ils connaissent par cœur la loi de Gresham selon laquelle  « la mauvaise monnaie chasse la bonne » et ignoreraient sa transcription sociale : «  le mauvais contrat de ravail chasse le bon ». Alors vivent les CDD de cinq ans, vivent les CDI d’opération qui peuvent s’arrêter à tout moment, vivent les accords d’entreprise conclus sans syndicats pour supprimer les treizièmes mois et baisser les salaires au niveau conventionnel, vivent les indemnités minimales de licenciement…

Un article remarquable de Luc Peillon de Libération, ou les excellentes raisons de s’opposer aux ordonnances du docteur Macron : Le salarié du futur

Luc Peillon (http://www.liberation.fr/auteur/1973-luc-peillon)

Primes renégociées, CDI de chantier… «Libération imagine la trajectoire d’un employé une fois les ordonnances sur le code du travail appliquées.

CDD de cinq ans, CDI de chantier

Dominique est chanceux. A 28 ans, il vient de décrocher un CDD dans la PME située à deux pas de chez lui. Une boîte de fabrication de pièces pour automobiles où il peut exercer ses talents de fraiseur. Un CDD… de cinq ans, qu’il s’est empressé de signer. Fini, la durée maximale de 18 ou 24 mois pour les contrats à durée déterminée : la branche de la métallurgie a décidé de profiter à fond de la nouvelle loi réformant le code du travail, et de choisir la durée maximale autorisée par la jurisprudence européenne, dernier rempart, désormais, dans ce domaine.
Son patron a aussi indiqué à Dominique que son CDD pourrait éventuellement être renouvelé plusieurs fois, avec un délai de carence réduit au minimum. Et tant pis si la banque lui a refusé son prêt immobilier pour manque de visibilité sur son avenir professionnel. Deux ans plus tard, comme Dominique travaille bien, son employeur leconvainc de rompre d’un commun accord son CDD et d’accepter un CDI. Un CDI «d’opération». Car là aussi, la branche a utilisé pleinement la nouvelle législation en instaurant des CDI «de chantier ou d’opération», dont la rupture intervient avec la fin des tâches prédéfinies dans le contrat. Pour Dominique, il s’agit de la mise en place des trois nouveaux robots fraîchement arrivés d’Allemagne. Une fois ceux-ci installés, le CDI s’éteindra de plein droit. Dominique est un peu déçu mais la rémunération continue de le motiver : il touche une prime de vacances et un 13 mois - les partenaires sociaux de la branche de la métallurgie viennent de l’adopter.

Avec la nouvelle loi, plus besoin de syndicat dans les boîtes de moins de 50 salariés pour signer un accord

Sauf que les temps sont durs. Peugeot menace de faire une croix sur les commandes, et les comptes risquent de virer au rouge. Pas très difficile, dans ces conditions, de persuader les élus du personnel de signer un accord supprimant à la fois le 13 mois et la prime. Une pratique permise par le nouveau code du travail, qui a exclu du domaine de la branche la plupart des thématiques qu’elle pouvait traiter et imposer à toutes les entreprises de son champ, avant la réforme. Dont les primes (hors travaux dangereux) et le 13ème mois.
Dominique est quand même heureux. Son salaire, 1 400 euros net par mois, est bien au-dessus du smic. Son secteur industriel paie toujours mieux que le bâtiment ou les services. Sauf que cette fois, c’est presque sûr, l’a prévenu son patron, ses concurrents sont allés plus loin dans les souplesses accordées par la nouvelle législation : Peugeot est à deux doigts de rompre son contrat avec la PME, qui représente presque 30 % du chiffre d’affaires. Pas le choix, il faut s’aligner sur les autres, au risque, sinon, de perdre un des plus gros clients.

Fini les garanties de l’ancien monde qui prévoyaient notamment que le salaire ne pouvait pas baisser

Mais le chef d’entreprise se rassure vite : la nouvelle loi permet de négocier de nouveaux accords de compétitivité, où tout ou presque est permis. Fini les garanties de l’ancien monde qui prévoyaient notamment que le salaire ne pouvait pas baisser. Pour «répondre aux nécessités liées au fonctionnement de l’entreprise», ou (au choix) pour «préserver ou développer l’emploi», son patron a proposé aux salariés un accord qui réduira la rémunération de Dominique au niveau du minimum conventionnel, soit 230 euros de baisse mensuelle. Et qui l’oblige également à travailler en horaires décalés. L’accord a convaincu d’autant plus facilement les salariés que c’est Philippe, le délégué du personnel, proche du patron c’est vrai, qui a négocié. Les choses ont bien changé depuis le dernier accord, quand la CGT avait mandaté un salarié et suivi de près les négociations, comme l’imposait l’ancien code du travail. Avec la nouvelle loi, plus besoin de syndicat dans les entreprises de moins de 50 salariés pour négocier et signer un accord.
Dominique reste néanmoins (encore un peu) optimiste. Il a toujours son boulot. Et depuis huit mois qu’il bosse en CDI («d’opération»), il a déjà installé deux robots. Ne reste plus que le troisième à mettre en place. Sauf que… Dominique ne comprend pas, il vient de recevoir une lettre qui lui annonce la fin de son contrat. «Et le troisième robot ?» s’insurge-t-il. Il se plaint auprès de son collègue Antoine, dans les vestiaires : «C’est totalement injustifié !» Antoine est sympa et lui livre les dernières rumeurs qui circulent : le patron aimerait bien embaucher son petit-neveu. Et il a les compétences parfaites pour le poste… de Dominique. «Mais chut, tu ne dis rien», lui demande Antoine. Cette fois-ci, c’en est trop pour Dominique : «Un CDD de cinq ans puis un CDI d’opération, la prime de vacances et le 13 mois supprimés puis la baisse de salaire de 230 euros par mois. Et maintenant un licenciement injustifié ?» Comme Dominique n’est pas du genre à se laisser faire, il va saisir les prud’hommes. Sûr, il va arracher un beau pactole à son patron pour cette injustice.

Nouveau barème aux prud’hommes

Quelques mois plus tard, quand les juges des prud’hommes lui expliquent, il ne veut pas y croire : oui, ils savent que c’est le petit-neveu qui a été embauché. Et oui, ils auraient voulu sanctionner le patron. Mais Dominique ne pourra pas toucher plus de trois mois de salaire en compensation. C’est le nouveau barème qui veut cela : avec trente-deux mois de présence dans la boîte, et même si le licenciement est irrégulier, il ne peut pas toucher plus de trois mois de salaire brut d’indemnités. Quelques mois plus tard, Dominique n’est plus seul : le patron a licencié un tiers des salariés de la boîte. L’entreprise allait mal, paraît-il. «Même si elle faisait partie d’un groupe international qui pétait le feu ?» demande Dominique à Antoine, au chômage lui aussi. Antoine ne sait pas trop quoi répondre. Mais en allant aux prud’hommes, les juges leur disent qu’ils n’ont plus le pouvoir, avec la nouvelle loi, de juger des difficultés économiques au niveau du groupe. Seulement de la France. Dominique et Antoine attendent désormais avec impatience la réforme à venir de l’assurance chômage, prochain dossier social au menu du gouvernement.





lundi 11 septembre 2017

Libéralisation ferroviaire : la fin programmée du service public. Une folie de la secte libérale

Fin du monopole, fin du service public : plan Macron, Pepy à la manoeuvre

 Dans un de mes blogs précédents, j’évoquais une colère légitime contre Guillaume Pepy et la dégradation jusqu’à la catastrophe (Brétigny) des prestations de la SNCF et constatais qu’on ne peut que s’interroger sur le fait qu’il n’est pas encore été sanctionné et démissionné. L’une des explications que j’évoquais semble se confirmer ; si M. Pepy, contre toute vraisemblance et contre décence est maintenu, c’est bien parce qu’il agit en bon petit soldat des projets déments de libéralisation du transport ferroviaire imposés par la Commission Européenne et endossés par nos gouvernements ; et qu’il sera alors toujours temps de le sacrifier si cela devait tourner mal. En témoignent les déclarations incendiaires de M. Macron sur la réforme de la SNCF et des régimes spéciaux, sa généreuse proposition d’échanger les avantages acquis des salariés par la reprise par l’Etat de la dette de l’entreprise… dont il est de toute façon le garant !!!!.l et pour préparer la SNCF à la libéralisation du trafic ferroviaire et à la compétition avec des acteurs privés.
Encore plus inquiétant le surenchérissement de deux sénateurs LR et UDI, de la commission du développement durable du Sénat, qui  ont présenté le 6 septembre la première proposition de loi mettant fin au monopole de la SNCF dans le transport ferroviaire de voyageurs à l’intérieur du territoire français au prétexte « Nous voulons éviter tout retard, tout recul ou tout renoncement qui compromettrait l’ouverture à la concurrence ».

A quelle folie, imbécillité au sens médicale autodestructrice conduit le culte de la secte libérale ? Tels les lemmings se précipitant en groupe vers la falaise, toute une partie de l’intelligentsia et des pseudo élites françaises se précipite vers le suicide.

Notons toute de même que ces Sénateurs de droite sont moins extrémistes que Macron concernant le personnel et les avantages acquis puisqu’ils prévoient que les agents de la SNCF transférés vers les nouveaux exploitants  garderont leurs avantages en matière de retraite et de congés payés.  Néanmoins,   « les nouveaux entrants sur le marché devront pouvoir organiser comme ils l’entendent le service, la polyvalence, les horaires de travail, pour arriver à avoir un service avec plus de compétitivité. » . Comment ça pourra marcher ?
Selon le projet sénatorial, les lignes seraient vendues par « lots » comprenant des secteurs rentables et d’autres moins. Nous voulons réguler cette ouverture à la concurrence pour que les opérateurs concurrents ne se positionnent pas uniquement sur des lignes rentables, en laissant les lignes moins rentables en déshérence, les abandonnant à la seule SNCF qui, du coup, aura tendance à moins bien les exploiter » assure  le Sénateur Hervé Maurey.
A voir comment se sont passées les privatisations des autoroutes…il n’y a qu’à croire. C’est la fin du service public et un accroissement des inégalités territoriales qui se prépare.

Leçons étrangères : les folies de la secte libérale et son déni des réalités

Royaume-Uni : une vrai libéralisation catastrophique

Le cas du Royaume-Uni est très particulier. C'est le seul pays à avoir tenté la privatisation de la gestion des infrastructures (exploitation, entretien, et même construction...). La privatisation de l'infrastructure a été opérée en 1996 et a duré à peine six ans. Le réseau ferroviaire a été confié à la société privée Railtrack, cotée en bourse. La décision a été bien accueillie…par les milieux financiers, avant que les difficultés de gestion et de graves problèmes de sécurité ne viennent mettre un terme à l'expérience. Railtrack a été déchue de la gestion du réseau en 2002. Celui-ci a été purement et simplement renationalisé de manière d’ailleurs assez hypocrite, sous la responsabilité de Network Rail, société « privée à but non lucratif », mais de fait sous le contrôle de l'État.
En ce qui concerne le trafic voyageur, la réforme s’apparente à celle que veulent proposer les Sénateurs : services « nationaux » découpés en «groupes de lignes », par « franchise », dont la gestion est attribuée par le ministre des transports, après appel d'offres (sur la base de la subvention demandée la plus faible) à des entreprises privées, y compris, bien sûr, à des compagnies non britanniques. Les résultats ont été variables. En 2003, la Stratégic Rail Authority a retiré la concession du réseau South Eastern à Connex, la filiale transport de Veolia, en raison de qualité de service insuffisante (retards pour les trois-quarts des trains !). La même année, l'autorité britannique a attribué le réseau de TransPennine (région de Manchester) au consortium formé par First Group et Keolis (filiale de la SNCF). Oh certes, les appels d’offres originaux sont souscrits ; mais d’exploitants en exploitants, ou le prix augmente de façon incontrôlée, ou le service se dégrade irrémédiablement, jusqu’à devenir catastrophique.

Allemagne : l’hypocrisie et la Deutsche Bahn règnent

Quant à l’Allemagne, dans le ferroviaire comme dans l’hydraulique, elle joue à dés pipés et contourne facilement des règles qu’elle a érigé à sa mesure : Libéralisation nominale ne signifie pas libéralisation effective. Il existe certes 317 entreprises ferroviaires privées en Allemagne (on ne comptabilise pas la DB) qui opèrent dans le transport de marchandises. Mais en réalité seules 45 à 50 d'entre elles sont réellement actives. Ensuite, sur cette masse déjà plus réduite d'opérateurs privés, seulement 7 d'entre eux ont développé un maillage national de transport, représentant à eux seuls 80% des t.k (tonnes-kilomètres) des opérateurs autres que la DB.[3] Ainsi, moins de 3% des opérateurs privés sur le marché du fret en Allemagne sont capables de concurrencer sérieusement Railion, la filiale de fret ferroviaire de la DB.
Quant à la quarantaine d'autres opérateurs actifs, ils sont implantés régionalement mais surtout localement (dans le cadre de ports, de grands sites industriels), n'intervenant que sur des opérations terminales (Short-Liners). Dans le cadre de ces opérations terminales, ces opérateurs privés coopèrent très souvent avec Railion, qui continue ainsi à dominer très largement le marché domestique du fret : sa part de marché sur le trafic du fret en Allemagne reste de 83%. Quant au marché du transport de passagers, il existe effectivement 77 opérateurs privés en plus de la DB Bahn (la filiale transport de passagers de la DB), mais celle-ci continue de représenter 95% des parts de marché.
De plus, les nouveaux entrants se plaignent d'entraves - Veolia Transport  s'est plaint maintes fois de procédures irrégulières dans lesquelles la DB aurait joué un rôle.[La DB profite également de son pouvoir de négociation vis-à-vis des autorités locales, en mettant en jeu le sort des gares dans l'attribution des marchés d'exploitation du transport. Parallèlement, la DB bénéficie d'aides indirectes des autorités publiques, qui ne sont pas forcément liées au service fourni : par exemple, 'Etat prend en charge, via un de ses organismes, 17% de sa masse salariale. Surtout, l'Allemagne a certes un marché libéralisé mais ne dispose toujours pas d'une réelle autorité de régulation qui pourrait encadrer la concurrence. D'ailleurs, le terme de « régulation » était totalement absent dans la loi allemande de réforme du rail… ILl est apparu que la séparation très partielle du gestionnaire de l'infrastructure et de l'exploitant ferroviaire (DB Netze est une filiale de la holding DB AG) pouvait constituer un risque d'entrave à la concurrence. Et de nombreux nouveaux entrants, qui souhaitent accéder au réseau, se plaignent de cette confusion des rôles et du manque de crédibilité qui en découle, et contestent notamment l'impartialité de DB Netze dans la fixation des prix vis-à-vis des intérêts du holding DG AG.
Une concurrence très partielle et très maitrisée par le monopole historique, de multiples avantages au profit de la Deutsche Bahn, les pressions sur les autorités locales, par exemple pour les gares, une régulation inexistante, un réseau moins indépendant qu’en France… Disons-le gentiment, nos chers amis allemands réclamant la libéralisation en France se fichent un peu de nous.

Mais, faisant fi du bon sens et des expériences étrangères, nos imbéciles heureux de la secte libérale veulent mettre fin au service public ferroviaire, s’afficher comme les meilleurs élèves  des eurocrates , revenir aux temps d’avant 1945 des réseaux PLM et Chemins de Fer du Nord…

Heureusement, ce
rtaines régions ont pris les devants et signé  de nombreuses conventions avec la SNCF, d’ici la fin de l’année 2017 ou le début de 2018, pour six ou sept ans, retardant d’autant la libéralisation effective. Les gestionnaires régionaux, loin des billevesées théoriques libérales, savent très bien ce que leur couterait la libéralisation