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jeudi 19 juin 2014

Salle Pleyel : Classique interdit !


Laurent Bayle, Directeur de la Cité de la Musique vient d’annoncer que la Philharmonie ouvrant en janvier 2015, la Salle Pleyel sera cédée à un entrepreneur privé, avec interdiction d’y organiser des concerts classiques ! C’est la mort du classique à Pleyel, 1700 places, récemment refaite, à l’acoustique superbe, où tant de Parisiens ont écouté, vu de magnifiques concerts.

Le diktat des Boulez boys

C’est la phase ultime de la dictature d’une clique, celle de Boulez et successeurs- appelons-les BBB, la Bande des Boulez Boys. Depuis des années, plus de quarante ans ces gens-là, les BBB, avec l’Ircam, avec l’Ensemble Intercontemporain, avec la Cité de la Musique, engouffrent près des trois quarts, bon an, mal an, du budget de la Création musicale, et avec cela, se sont créés un nombre considérable d’affidés et ont éliminé tout ce qui n’était pas eux ou pouvait leur porter ombrage. Il faut voir et revoir avec quelle hargne, haine, morgue, s’est fait traité, injurié même, par Boulez  lors d’une célèbre émission de Pivot le Directeur de la Musique, Michel Schneider, lorsqu’il a osé critiquer des pratiques clientélistes , l’Etat mis à l’encan  et le peu de public attiré par la musique du maître, malgré des dépenses considérables.  – enfin, l’ex-Directeur, car il n’a pu se maintenir à son poste. Il faut se souvenir comment  la clique des BBB a persécuté et marginalisé Marcel Landowski, qui avait le mauvais goût, très certainement, de ne pas éprouver un amour immodéré de la musique sérielle, et qui a été réduit à fonder une association significativement intitulée « Musique en Liberté » ; avec quelle violence et quels délires a été accueilli le livre du compositeur Benoit Duteurtre, Requiem pour une avant-garde, qui dénonçait « l'adoration, la vérité révélée, les affirmations dogmatiques, les appareils et les hiérarchies cléricales, les excommunications, la bigoterie, l'inquisition, l'hypocrisie et la recherche de l'obéissance perinde ac cadaver. Voilà trente ans que, dans le monde musical français, il est impossible de discuter, il est proscrit de débattre, il est honteux de s'interroger lorsqu'il est question d'oeuvres atonales ou sérielles et de leur rejet par le public... depuis trente ans. Le mélomane est sommé d'admettre. d'admirer, d'adhérer ou de se voir à jamais confondu avec les réactionnaires et les ennemis de l'humanité, voire avec les fascistes » (Philippe Meyer) ; Duteurtre traité par une chroniqueuse du Monde de révisionniste à la mode Faurisson !

300% du budget, 386 millions.

Rien n’est trop grand, trop beau, ni surtout trop cher pour la Bande des Boulez Boys. Le coût de la Philharmonie, initialement fixé à 118 millions d'euros en 2006 a été multiplié par trois  pour atteindre 386 millions d'euros. En pleine crise des finances publiques, ce dérapage a inquiété le Sénat en 2012, qui s'est interrogé dans un rapport: Fallait-il voir si grand ?. Il leur a fallu une salle modulable entre 2500 et 400 places ; or soulignait le rapport Belaval-Auberger, ces options feraient peser sur le résultat acoustique attendu un risque, qu'il convient de déconseiller : « Il ne faut pas viser à satisfaire le public de tous les types de musiques. Si l'acoustique est bonne pour la musique symphonique, elle n'aura pas la même qualité pour la musique amplifié “. Mais les Boulez Boys ont tenu à leur salle modulable, quitte à rajouter un mur de réflecteurs sonores et des rideaux acoustiques absorbants déployables (à pois, les rideaux ?). Le Parc de la Villette étant assez bruyant, il a fallu multiplier les isolations sonores coûteuses et sophistiquées, dont une toiture sur plots antivibratiles pour que le toit de la Philharmonie soit  accessible aux promeneurs. Rien n’est trop beau, vous-dis-je.

Et tout est permis aux Boulez boys. 386 millions, 200% de dépassement : avec une  désinvolture typique de ceux qui sont gavés de subventions, l’architecte Jean Nouvel explique que tout le monde savait que le budget initial était sous-évalué :”Si on veut faire le projet, on est obligé de mentir”. Cela a tout de même fait réagir le socialiste Bruno Julliard, chargé de la Culture à la mairie de Paris, qui est forcé de prendre les devis un peu plus au sérieux et qui a répliqué que "Personne à l'époque ne savait que ça allait augmenter de manière aussi significative". Peu importe, bis repetita, rien n’est trop beau, trop grand, trop cher pour les Boulez Boys, la mairie et les contribuables paieront !

Sauvons le classique à Pleyel !

Certains chefs d’orchestre ont osé protester, tel Laurent Petitgirard : « 2400 places c'est très grand, trop lorsque l'on veut proposer des programmes audacieux, avec de la musique contemporaine dans chaque concert, tels que les pratique l'Orchestre Colonne. Les 1700 places de Pleyel offraient une alternative qu'il est regrettable de supprimer. De quel droit réduit-on la présence de la musique classique symphonique dans le centre de Paris? Les responsables de la Philharmonie ont-ils si peu confiance dans l'attrait de leur nouveau joyau qu'ils voudraient lui éviter toute concurrence? »

Et c’est bien de cela qu’il s’agit : Les boulez Boys ne supportent pas la concurrence, ni même la liberté (rappelez-vous Landowski et Musique en Liberté !). Et c’est bien sûr pour lutter contre l’embourgeoisement de la musique classique, pour la sortir  « du bunker des quartiers riches » (dixit Laurent Bayle ) que le classique sera interdit à Pleyel.

Amis mélomanes forcément bourgeois, vous n’irez plus à Pleyel, la bande à Boulez ne le veut pas. Un lieu mythique de la musique classique, chargé d’histoire, de souvenirs, de chaleur, de sons, de performances va se taire. Il n’y aura qu’un programme, qu’un lieu public pour le classique, le Grand Machin des Boulez boys, qui ont instrumentalisé l’Etat à leur profit comme jamais auparavant.

Artistes, mélomanes, sauvons le classique à Pleyel !
 
 
 

dimanche 8 juin 2014

Canada, la recherche fondamentale menacée


Fin de la recherche gouvernementale, originalité canadienne ?

C’est sous ce titre que la revue La Recherche de juin 2014 (p.48-51) publie un article exposant les évolutions effectivement assez inquiétantes de la recherche au Canada. Le Devoir, dès le 29 mars 2012 annonçait ainsi les intentions du gouvernement conservateur : « Ottawa abandonne la recherche fondamentale pour mieux servir les entreprises » : « Le gouvernement Harper a enclenché aujourd'hui une réforme majeure de ses programmes d’aide à l’innovation qui se traduira notamment par l’abolition du soutien à la recherche fondamentale et une baisse du crédit d’impôt pour la recherche et développement (R-D).

Créé en 1916 afin d’appuyer la recherche fondamentale et la mise au point d’innovations commerciales, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) voit ainsi disparaître le premier volet de sa mission.

 Le CNRC devra désormais «s’adapter aux besoins en recherche des entreprises et se concentrer sur des travaux de recherche appliqués dirigés par l’entreprise et pertinents pour l’industrie».

Et, pour une fois, un gouvernement aura tenu son programme !

La recherche au Canada repose sur trois piliers : la recherche universitaire, soutenue par des agences de moyens qui peuvent orienter la recherche sur des thèmes choisis par le gouvernement au moyen des financements qu’elles accordent ; le recherche privée, et la recherche gouvernementale, qui doit servir l’intérêt public ; elle regroupe notamment des laboratoires et des Instituts consacrés à la protection de l’environnement ou de la santé des Canadiens. C’est cette architecture qui a longtemps permis au Canada d’être un leader dans la recherche environnementale, et notamment dans celui de la mer – et des ressources halieutiques- avec le très prestigieux Pêches et Océans Canada. Et qui est aujourd’hui menacée avec la quasi-suppression de la recherche gouvernementale.

 Guerre à la recherche ?

Le chef du Parti Conservateur a montré son mépris de la recherche en nommant comme ministre un chiropracticien, qui refuse de se prononcer sur la Théorie de l’Evolution. De nombreux centres ont été fermés, de nombreux scientifiques ont été privés de leurs emplois ou ont dû réorienter leurs recherches, notamment dans le domaine de l’écotoxicologie et de l’environnement. Stephen Harper a affirmé sa volonté de  faire que le Canada devienne « le pays le plus attrayant du monde pour l’investissement dans l’exploitation des ressources naturelles » Ainsi, la Fondation Canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère (FCSA) a vu ses crédits dramatiquement coupée, et son centre de du haut arctique PEARL, où avait été détectée le plus gros trou d’ozone en 2011 a du cesser ses activités avant que la mobilisation des chercheurs ne le sauve ; par contre, une nouvelle base a été ouverte en arctique, à Cambridge Bay, avec pour but de « faciliter la mise en valeur des ressources de l’arctique »…Plus de soixante lois ont été modifiées afin de rendre non obligatoires les évaluations environnementales concernant près de 3000 pipelines ou chantiers d’exploitation de sables bitumineux…Cette politique s’accompagne d’une censure des scientifiques : 50% d’entre eux affirment avoir été témoins de cas où la santé des Canadiens ou la protection de l’environnement a été compromise par des ingérences politiques. Un journaliste américain désirant s’informer sur une étude menée conjointement par la Nasa et Environnement Canada a décroché en quelques minutes un entretien avec les chercheurs américains, mais n’a pu en obtenir avec les Canadiens, sa demande ayant du passé par es mains de onze chargés de communication avant de … n’aboutir à rien.

En 2012 et 2013, des milliers de scientifiques ont manifesté « contre la guerre que le gouvernement conservateur mène à la recherche », ce qui est totalement inédit en ces contrées.

Merci à La Recherche d’avoir rappelé que tous les gouvernements, toutes les politiques ne se valent pas en matière de recherche. Le but de la recherche gouvernementale canadienne aujourd’hui menacée était que les scientifiques collectent et analysent les données, afin que les politiques se fondent sur les meilleures preuves scientifiques afin de légiférer.
 
« Savoir pour pouvoir afin de pourvoir », disait Comte, ce qui suppose « une liberté, liberté totale d’exposition, de discussion, d’appréciation », autre slogan positiviste toujours bon à rappeler.